
« Notre pays a été ravagé par l’ouragan Melissa. » Ce 29 octobre sur CNN, Andrew Holness, le premier ministre jamaïcain, pose d’emblée le décor. Onze jours durant, du 21 au 31 octobre, l’ouragan s’est abattu sur la Caraïbe, une des régions au monde les plus exposées à ce type d’aléa climatique. Il a d’abord touché Haïti et la République dominicaine, avant de se renforcer rapidement en ouragan de catégorie 5 au moment de frapper la Jamaïque et, enfin, de perdre en intensité avant d’atteindre le sud-est de Cuba et les Bahamas. Des vents surpuissants, soufflant jusqu’à 300 kilomètres-heure, et des pluies diluviennes ont balayé l’arc caribéen, provoquant des dégâts considérables. Les estimations récentes font état de plus de 70 décès, de dizaines de disparitions et de milliers de déplacés. En Jamaïque, les dégâts matériels sont évalués à près de 7,7 milliards de dollars (6,6 milliards d’euros), soit le tiers du produit intérieur brut du pays, alors que 70 % des foyers sont encore privés d’électricité.
Ces phénomènes extrêmes ne sont pas uniquement des catastrophes climatiques et des drames humains, mais aussi des moments géopolitiques qui méritent d’être analysés. Si l’aide humanitaire reste d’abord un impératif moral, elle peut également se révéler un outil de diplomatie. Aborder sous cet angle le fait cyclonique permet de comprendre pourquoi et comment certains acteurs internationaux cherchent à projeter leur influence et à s’ancrer dans une région aux multiples enjeux, parmi lesquels la proximité des Etats-Unis, la présence des réserves de pétrole du Venezuela, le canal de Panama, la gestion des flux migratoires et du narcotrafic… La construction de la résilience climatique, l’action de secours d’urgence et la reconstruction post-catastrophe sont alors autant de possibles leviers d’influence dans l’archipel caribéen.
Arrière-pensées géopolitiques
Avant même la tempête, cette multitude de petits Etats reçoit l’aide de nombreux partenaires pour mener à bien sa transition énergétique. A côté des classiques bailleurs occidentaux, ce sont désormais des acteurs comme l’Inde ou l’Arabie saoudite qui frappent à leur porte. A Sainte-Lucie, par exemple, l’Union indienne a contribué à hauteur de 1 million de dollars à l’installation de microcentrales solaires pour les hôpitaux, afin d’éviter les coupures mortelles après les tempêtes. Riyad a, pour sa part, déboursé 40 millions de dollars pour financer la modernisation du réseau électrique de Saint-Kitts-et-Nevis, une ancienne colonie britannique devenue indépendante, peuplée d’à peine plus de 40 000 habitants mais qui dispose d’un siège à l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations unies (ONU).
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