un testing révèle des discriminations lors du recrutement

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Ce n’est pas une surprise, plutôt la confirmation chiffrée d’une discrimination persistante, à quelques jours de la 29e Semaine européenne pour l’emploi des personnes en situation de handicap, qui commence lundi 17 novembre. « On arrive à prouver de façon statistique qu’elles ont moins de chances et qu’elles restent pénalisées », résume Naomie Mahmoudi, maîtresse de conférences en sciences économiques à l’université Claude-Bernard Lyon-I. Elle a réalisé, avec Marion Goussé, professeure d’économie à l’Ecole nationale de la statistique et de l’analyse de l’information, une étude qui démontre qu’à profil égal, les réponses positives d’un recruteur baissent de près de 50 % lorsque la candidature mentionne un handicap physique, et peuvent même être divisées par quatre avec un CV vidéo.

Ce « testing », mené à l’initiative de l’association APF France Handicap, consistait à répondre à près de 2 000 annonces réelles, pour des postes de secrétaire-réceptionniste ou d’assistant comptable, avec quatre profils fictifs de candidates : l’une en fauteuil roulant, l’autre avec un appareil auditif, la troisième cumulant les deux et la dernière ne présentant aucun handicap.

Dès la mention d’un handicap dans la candidature, le taux de réponse positive passait de 27,6 % à 22 %, soit un décalage de 5,6 points, avec un écart plus significatif (8,6 points) pour les réceptionnistes que pour les comptables (2,8 points). « Le contact avec le public peut être un problème pour les recruteurs, qui anticipent les préjugés des clients », considère Marion Goussé. Lorsque le handicap n’était mentionné que dans la lettre de motivation, cet écart était réduit, ce qui suggère qu’elle n’est peut-être pas lue attentivement. En revanche, l’ajout d’un CV vidéo, lorsqu’il est visionné, amplifie nettement le décalage, qui atteint 50 points entre le taux de réponses positives reçues par une jeune femme sans handicap visible et une autre en fauteuil et avec un appareil auditif. « Avec la vidéo, on se rapproche de ce qui pourrait avoir lieu au moment de l’entretien », estime Mme Mahmoudi.

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