
Des fortes pluies et des vents violents secouaient, lundi 27 octobre, la Jamaïque à l’approche de l’ouragan Melissa qui, avec des vents allant jusqu’à 280 kilomètres par heure, figure en catégorie 5, le plus haut niveau sur l’échelle de Saffir-Simpson. Il devrait frapper l’île tôt mardi.
S’il ne perd pas en intensité, il s’agira du plus puissant ouragan à toucher terre en Jamaïque depuis le début des suivis météorologiques. Les autorités ont exhorté la population à se mettre à l’abri en prévision des vents puissants et des pluies torrentielles qui doivent s’abattre sur le territoire et pourraient causer d’importants dégâts matériels ainsi que des coupures prolongées d’électricité et des communications. Les ports ainsi que l’aéroport international qui dessert la capitale, Kingston, ont été fermés.
Le premier ministre de la Jamaïque, Andrew Holness, a alerté sur des risques de dégâts particulièrement importants pour l’ouest du pays. « Je ne pense pas qu’une seule infrastructure de cette région puisse résister à un ouragan de catégorie 5, donc il pourrait y avoir d’importantes destructions », a-t-il déclaré sur CNN, appelant les habitants « à monter sur les hauteurs, à protéger vos biens et votre famille », et surtout à évacuer les zones les plus à risques.
Des précipitations torrentielles pouvant entraîner jusqu’à plus d’un mètre de pluie sont notamment attendues par endroits, a prévenu Michael Brennan, le directeur du Centre américain des ouragans (NHC).
Evoluant depuis plusieurs jours dans les Caraïbes, l’ouragan a déjà fait au moins quatre morts en Haïti et en République dominicaine, qui étaient toujours lundi sous la menace de pluies importantes pouvant entraîner des glissements de terrain et inondations.
Des vents allant jusqu’à 280 km/h
D’une tempête tropicale accompagnée de vents soufflant à un peu plus de 110 kilomètres par heure, Melissa est passée en l’espace de vingt-quatre heures en ouragan de catégorie 4, avec des vents de 225 km/h. Puis le phénomène s’est encore renforcé, en catégorie 5, avec des vents allant jusqu’à 280 kilomètres par heure.
L’inquiétude est d’autant plus grande que l’ouragan évolue à une vitesse très basse, avançant lentement, à 4,8 km/h. Les pluies torrentielles et les vents puissants pourraient donc s’éterniser sur les localités affectées alors qu’il devrait déverser entre 50 centimètres et 63 centimètres de pluie sur certaines parties de la Jamaïque.
Le changement climatique aggrave par ailleurs « tous les aspects les plus néfastes de l’ouragan Melissa, a déclaré le climatologue Daniel Gliford à l’Agence France-Presse (AFP), il entraîne des précipitations et des submersions côtières plus importantes et avec des intensités plus fortes que ce qui aurait été observé dans un monde sans changement climatique. »
Selon une première analyse de l’organisation à but non lucratif Climate Central, l’ouragan Melissa est passé au-dessus d’eaux plus chaudes de 1,4 °C du fait du changement climatique. Des températures rendues au moins 500 fois plus probables du fait des activités humaines.
Le réchauffement des eaux injecte de l’énergie dans les tempêtes
« Nous n’avons pas eu tellement d’ouragans dans l’Atlantique cette saison, mais une proportion inhabituelle d’entre eux est passée par une phase d’intensification assez rapide », a déclaré à l’AFP Kerry Emanuel, météorologue et climatologue au Massachusetts Institute of Technology (MIT). S’il est difficile d’établir un lien de cause à effet entre le changement climatique et les événements en particulier, les scientifiques sont plus confiants lorsqu’il s’agit de tendances. « Pris dans leur ensemble, on pourrait très bien avoir affaire à un marqueur du changement climatique », a précisé M. Emanuel.
Des températures de surface de la mer plus chaudes injectent plus d’énergie dans les tempêtes, leur donnant du carburant supplémentaire. Mais il faut nuancer : c’est en fait la différence de température entre l’eau et l’atmosphère qui détermine la force potentielle d’un ouragan. Si le « réchauffement atmosphérique tend à réduire l’intensité, et le réchauffement de la température de surface de la mer tend à augmenter l’intensité », a ainsi expliqué à l’AFP David Gilford, scientifique à Climate Central, en général, « la température de surface de la mer l’emporte » dans la détermination de la puissance des tempêtes.
Le dernier ouragan majeur à avoir touché terre en Jamaïque était l’ouragan Gilbert de septembre 1988. De catégorie 3 ou plus sur l’échelle de Saffir-Simpson, il avait fait quarante morts et d’énormes dégâts dans le pays.
Depuis, l’île avait été frappée par plusieurs ouragans, dont certains majeurs, le dernier en date étant Béryl, en juillet 2024, qui n’y avait toutefois pas touché terre. Anormalement puissant pour cette période de l’année, il avait provoqué de fortes pluies et des vents violents, faisant au moins quatre morts.
L’ouragan menace également l’est de Cuba ainsi que le sud des Bahamas et l’archipel des îles Turques-et-Caïques, un territoire britannique.

















