
L’Argentine vote dimanche 26 octobre lors de législatives où l’ultralibéral Javier Milei joue sa marge de manœuvre pour réformer et déréguler, pendant ses deux ans restants de présidence, une économie fragile et dernièrement sous perfusion financière américaine. De premiers résultats devraient être connus vers 21 heures, heure locale (lundi à minuit à Paris).
Ces élections de mi-mandat sont le premier test national pour l’économiste « anarcho-capitaliste » de 55 ans, qui a bousculé la politique argentine à la présidentielle de 2023 et fait de ces législatives un plébiscite de sa gestion.
Elles ont, de plus, pris une résonance mondiale, avec l’aide spectaculaire de plus de 40 milliards de dollars, publics ou privés, promise par l’administration Trump à son allié idéologique sud-américain. Aide lestée d’un bémol : Washington ne sera « pas si généreux » si Javier Milei perd, a prévenu Donald Trump.
« Le plus dur est passé », « Ne lâchez pas ! », a répété Javier Milei au cours des derniers mois, et encore jeudi en clôture de campagne à Rosario, conscient qu’une majorité d’Argentins ont plus ressenti les privations que la stabilisation macroéconomique.
Le scrutin renouvelle la moitié des députés et un tiers des sénateurs, chambres sans majorité absolue. Quasi-certitude, selon les sondages : bien qu’au coude à coude avec l’opposition péroniste (centre gauche), le petit parti de Javier Milei, La Libertad Avanza, comptera plus de sièges qu’à présent (15 % des députés, 10 % des sénateurs).
« Un bon chiffre » serait un tiers des sièges, seuil qui lui permettrait d’imposer ses veto, a estimé Javier Milei. Dans son viseur d’ici à 2027, plusieurs réformes : fiscales, de flexibilisation du marché du travail, du système de protection sociale. Qu’il n’est pas le seul à souhaiter.
Javier Milei a beaucoup légiféré par décrets, ou accords législatifs ponctuels. Mais il s’est vu de plus en plus entravé par un Parlement braqué par sa rigidité, voire ses insultes : « nid à rats », « dégénérés »…
« Le programme économique ne fonctionne pas pour les gens, pour les entreprises, pour l’industrie, a déclaré après son vote le sénateur d’opposition (centriste) Martin Lousteau. On a besoin d’un Parlement moins polarisé, avec moins de cris, d’insultes et plus de capacité à dialoguer. »
Javier Milei a voté en fin de matinée à Buenos Aires, prenant un petit bain de foule aux cris de « Allez Javier ! » « Bien, president ! », mais sans faire de déclaration, a constaté l’Agence France-Presse (AFP).
Une société à deux vitesses
M. Milei arrive au scrutin en ayant obtenu certains succès : pour avoir contré l’inflation, ramenée de plus de 200 %, à 31,8 % en interannuel, et pour avoir rétabli un équilibre budgétaire, qui n’avait plus été atteint depuis quatorze ans. Mais son « plus grand ajustement budgétaire de l’histoire » – comme il aime à répéter – a vu la perte de plus de 200 000 emplois, un « définancement » de la santé et de l’université publique, une activité anémiée – en contraction de 1,8 % en 2024 –, une reprise 2025 qui s’essouffle. Et une société plus que jamais à deux vitesses.
Après bientôt deux ans de restrictions budgétaires « s’estompe la confiance dans sa capacité à réaliser des ajustements plus importants », estime Mauricio Monge, analyste Amérique latine au cabinet britannique Oxford Economics.
Illustrant cette défiance, les marchés financiers sont sceptiques quant au maintien du cap d’austérité, et jugent le peso surévalué. Plusieurs fois en octobre, le Trésor américain est intervenu directement sur le marché des changes pour acheter du peso, évitant sa chute libre.
D’expérience, les Argentins savent que cela signifie un risque de dévaluation, ou de forte dépréciation, post-élections.

















