le préjudice des joyaux dérobés évalué à 88 millions d’euros, selon le musée

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La couronne de l’impératrice Eugénie, par Alexandre-Gabriel Lemonnier.

La conservatrice du Musée du Louvre a évalué, mardi 21 octobre, le préjudice des joyaux dérobés dimanche dans la galerie d’Apollon, à 88 millions d’euros, selon la procureure de Paris, Laure Beccuau. Une somme « extrêmement spectaculaire » mais qui « n’a rien de parallèle et de comparable au préjudice historique », a ajouté sur RTL la procureure, précisant que les malfaiteurs « ne gagneront jamais cette somme considérable « s’ils avaient la très mauvaise idée de dessertir et faire fondre ces bijoux ».

L’enquête progresse, selon la procureure, « les expertises sont en cours, quatre personnes ont été identifiées comme présentes sur les lieux, sans certitude qu’il n’y ait pas eu une équipe pour les aider », a-t-elle par ailleurs déclaré, sans écarter non plus « la piste d’une complicité à l’intérieur » du musée.

Interrogée au sujet de la « fragilité » des vitrines de protection des bijoux, la procureure Laure Beccuau a fait savoir qu’elle ne pouvait « pas [s]e prononcer sur la question, [s]on expertise ne couvrant pas ce champ de détails ».

Interrogée à l’Assemblée nationale lors des questions au gouvernement, la ministre de la culture, Rachida Dati, a pour sa part assuré que « les dispositifs de sécurité du musée n’ont pas été défaillants ». « C’est une réalité, ils ont fonctionné », a-t-elle encore insisté.

Rachida Dati a préféré évoquer la question de la surveillance de la voie publique alors que les voleurs ont pénétré dans le musée via une fenêtre à l’aide d’un monte-charge stationné sur la route côté Seine. « Peut-être qu’on devrait s’interroger, et c’est une réflexion que nous avons avec le ministre de l’intérieur, mais aussi avec la Mairie de Paris, s’agissant justement de la sécurité sur la voie publique, qui n’existait pas à ce stade », a-t-elle dit.

Son cabinet a, par ailleurs, reçu mardi les organisations syndicales (CGT, SUD, CFDT, CFTC, FSU) du musée pour leur annoncer que l’enquête administrative évoquée la veille était confiée à l’inspection générale des affaires culturelles (IGAC), selon les syndicats. Ceux-là ont à cette occasion déploré la baisse des effectifs consacrés à la sûreté et à la sécurité des musées, en diminution de « 25 % en dix ans », selon Elise Muller de SUD-Culture.

Ils dénoncent aussi « des budgets réorientés vers des projets muséaux au détriment du renouvellement des équipements dédiés à la surveillance des œuvres et du public », selon elle. Dans son édition à paraître mercredi, le journal satirique Charlie Hebdo titre en une « Jusqu’où l’humiliation ? », sous un dessin montrant deux malfaiteurs encagoulés emportant la Pyramide du Louvre.

La qualité des vitrines en question

Alors que les malfaiteurs courent toujours, le Louvre, au cœur d’une vaste tempête politico-médiatique, a défendu mardi auprès de l’Agence France-Presse (AFP) la qualité des vitrines qui abritaient les joyaux dérobés, réagissant à un article du Canard enchaîné qui affirme qu’elles sont « apparemment plus fragiles que les anciennes ».

« Le Musée du Louvre affirme que les vitrines installées en décembre 2019 représentaient un progrès considérable en termes de sécurité tant le degré d’obsolescence des anciens équipements était avéré et aurait mené, sans remplacement, à retirer les œuvres de la vue du public », écrit la direction dans un message à l’AFP.

Selon le journal satirique, une ancienne vitrine blindée installée dans la galerie dans les années 1950 et dotée d’un système lui permettant de disparaître « à la première alerte » dans un coffre-fort aurait, sans doute, permis d’éviter le vol si elle avait été maintenue en place.

La direction du Louvre explique toutefois que ce système ancien, doté d’un nouveau mécanisme dans les années 1980, « était devenu inopérant et obsolète, avec des phénomènes de blocage dans la descente des volets latéraux ». « Plusieurs accidents ont été déplorés », mettant « en danger les œuvres », assure-t-elle.

Rachida Dati a dénoncé à cet égard « trop de fausses informations » et annoncé dans un message sur X « la création d’une ligne de fact-checking accessible pour la presse via le service de presse du Musée du Louvre ». Interrogés par l’AFP, ni son ministère ni le Musée du Louvre n’étaient en mesure d’en préciser les contours ou les modalités.

Ce cambriolage qui met en cause la fiabilité du système de surveillance du musée conduira par ailleurs sa directrice, Laurence des Cars, à être auditionnée, mercredi, par la commission des affaires culturelles du Sénat.

« Il y a les œuvres, certes, mais sans les cinq agents qui se trouvaient sur place ou à proximité on aurait pu se retrouver avec un vrai drame humain », insiste Gary Guillaud, de la CGT-Culture, auprès de l’Agence France-Presse (AFP), rappelant que personne n’a été blessé au cours du cambriolage.

Le Monde avec AFP

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