

Le soleil de la saison sèche tape fort malgré l’heure matinale, à Cayenne, et une quinzaine de demandeurs d’asile haïtiens se serrent à l’ombre du poste source EDF accolé aux grilles de la structure de premier accueil des demandeurs d’asile (Spada). Ce matin de septembre, les agents de sécurité sont presque aussi nombreux que les étrangers venus tenter leur chance en Guyane. Chaque demandeur d’asile doit se faire connaître ici, dans la structure gérée par la Croix-Rouge pour le compte de l’Etat. Qui ne parvient pas à gérer une migration en plein essor.
En 2024, la Spada a enregistré 21 000 passages, contre 6 900 en 2023, dont une majorité de ressortissants haïtiens et quelque 2 500 d’autres nationalités, essentiellement venus du Proche et Moyen-Orient, bien que l’asile se caractérise en Guyane, depuis 2017, par des droits plus restreints que sur le territoire national, avec l’impossibilité de déposer un recours à distance et des délais de dépôt des demandes réduits de moitié.
« On a pris la foudre », résume, les traits tirés, Jérôme Domec, directeur territorial de la Croix-Rouge. Cette multiplication par trois des demandes s’explique par une décision de décembre 2023 de la Cour nationale du droit d’asile (CNDA). Cette dernière, considérant l’ouest d’Haïti, en proie à la violence des gangs, comme une zone de guerre, a octroyé aux habitants de ces régions la protection subsidiaire – l’un des deux régimes de protection avec celui de réfugié.
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