L’absence d’investissement des entreprises, principale source du décrochage économique de l’Europe

3964


Etude après étude, le constat est clair, sans appel : économiquement, l’Europe décroche par rapport aux Etats-Unis depuis le début du millénaire. En 2000, le produit intérieur brut (PIB) par habitant de la zone euro était de 85 % de celui des Etats-Unis ; il était passé à 78 % en 2022. Pour la France, la chute est plus brutale, avec une perte de 10 points, de 88 % à 78 %. Quant à l’Italie, l’effondrement atteint 20 points, aujourd’hui à 74 %. En septembre 2024, Mario Draghi, l’ancien président de la Banque centrale européenne, avait remis un rapport alarmiste sur la base de ce diagnostic, prophétisant la « lente agonie » de l’Europe si rien n’était fait.

Une nouvelle étude de l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), publiée mardi 30 septembre, revient sur les causes de ce déclin relatif. Avec une conclusion principale : les faiblesses de l’Europe ne sont pas liées à un temps de travail moindre qu’aux Etats-Unis, ou à des coûts de production excessifs. Le problème est avant tout un sous-investissement durable des entreprises, en particulier dans les nouvelles technologies. « Si l’Europe a su garder sa compétitivité prix, elle l’a fait en comprimant ses marges, limitant ainsi les capacités d’investissement et d’innovation des entreprises », note le rapport.

La conséquence est une productivité deux fois plus faible qu’aux Etats-Unis. « Le sujet change du débat budgétaire qui agite actuellement la France, mais sur le long terme, il est bien plus important », souligne Xavier Ragot, le président de l’OFCE. « Ce décrochage pose une question de souveraineté européenne », renchérit Lionel Nesta, l’un des coauteurs de l’étude.

Il vous reste 71.83% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link