

Le Niger, pays sahélien en proie à des violences djihadistes récurrentes, a de nouveau été endeuillé, lundi 15 septembre, par des hommes armés, qui ont tué 22 villageois dans la région de Tillabéri, proche du Mali, a-t-on appris mardi. L’ouest du Niger fait face à des attaques de groupes liés à Al-Qaida et à l’Etat islamique (EI), que la junte arrivée au pouvoir il y a deux ans peine à endiguer.
Lundi matin, « des hommes armés » à moto « ont ouvert le feu sur des villageois » dans la localité de Takoubatt pendant une cérémonie de baptême, tuant quinze personnes, a indiqué à l’Agence France-Presse (AFP) un résident de la commune de Tondikiwindi, qui englobe Takoubatt. « Après, les assaillants se sont rendus dans les alentours de Takoubatt, où ils ont tué sept autres personnes », a précisé cette source, qui a requis l’anonymat pour des raisons de sécurité. Le média local Elmaestro TV a confirmé un « bilan macabre de 22 personnes innocentes lâchement tuées sans raison ni fondement ».
« Une fois de plus, la région de Tillabéri (…) a été frappée par la barbarie, plongeant des familles innocentes dans le deuil et la désolation », a réagi Maïkoul Zodi, figure de la société civile, dans une publication sur les réseaux sociaux.
La commune de Tondikiwindi, située à une centaine de kilomètres de la capitale, Niamey, avait déjà été particulièrement touchée par des attaques en 2021 et 2022. Elle se trouve dans la vaste région de Tillabéri, proche du Burkina Faso et du Mali, dans la zone dite « des trois frontières », où les groupes djihadistes sont très actifs. En dépit d’un déploiement massif de l’armée dans cette région, les violences attribuées aux djihadistes visent indistinctement civils et militaires. Une vingtaine de soldats y ont été tués la semaine dernière.
1 800 morts en un an
« Pourquoi, malgré les efforts de nos vaillantes forces de défense et de sécurité, de telles attaques continuent-elles de se produire avec une telle facilité ? Il est temps d’apporter des réponses concrètes, de renforcer la présence de l’Etat dans les zones vulnérables », a ajouté Maïkoul Zodi, militant habituellement proche de la junte.
L’ONG Human Rights Watch (HRW) a elle aussi exhorté les autorités nigériennes à « faire plus pour protéger » les civils de la région de Tillabéri. HRW estime que l’Etat islamique au Sahel (EIS) a « exécuté sommairement » plus de 127 personnes lors de cinq attaques répertoriées depuis mars dans la région. Depuis octobre 2024, selon l’ONG Armed Conflict Location & Event Data (Acled), qui recense les victimes de conflits dans le monde, 1 800 personnes ont été tuées dans des attaques au Niger, dont les trois quarts dans la région de Tillabéri. Le Niger fait également face aux djihadistes de Boko Haram dans sa partie est, près du lac Tchad.
Le Niger et ses voisins, le Burkina Faso et le Mali – également dirigés par des militaires putschistes –, se sont réunis au sein d’une confédération, l’Alliance des Etats du Sahel (AES). Ils ont mis sur pied une force unifiée de 5 000 hommes contre les « groupes terroristes ». Les trois pays sahéliens, qui revendiquent une politique souverainiste, ont expulsé les armées française et américaine qui luttaient avec eux contre le djihadisme et se sont rapprochés notamment de la Russie.