« L’indifférence avec laquelle ont été accueillis les engagements de Sébastien Lecornu montre l’ampleur du discrédit de la parole publique »

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Dans l’interminable crise des finances publiques que traverse le pays, chaque semaine qui passe est porteuse d’une dynamique propre éclairant la profondeur du malaise. Jusqu’à présent, la valse des gouvernements – cinq depuis le début du second mandat d’Emmanuel Macron, trois depuis la rupture avec la politique du quoi qu’il en coûte – avait surtout l’aspect d’une crise parlementaire.

L’écosystème politique a été, de fait, profondément désarçonné par les effets induits par l’affaiblissement de l’autorité présidentielle, qui s’est traduit, pour le président réélu, par la perte de la majorité absolue en 2022, suivie de celle de la majorité tout court en 2024.

Cet affaiblissement, qui rompait avec la verticalité de la Ve République, redonnait automatiquement du pouvoir à l’Assemblée nationale, pourvu que les forces politiques situées entre La France insoumise et le Rassemblement national soient dans la disposition d’esprit de conclure des compromis pour résister à la pression des extrêmes. Cela n’a pas été le cas. La conséquence en a été une quasi-paralysie du pays, assortie d’une forte dégradation de l’image du Parlement allant de pair avec celle du président de la République.

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L’entrée en scène des partenaires sociaux censés relayer et canaliser les revendications de ceux qu’ils représentent met le projecteur sur la profondeur du dissensus à l’intérieur de la société française. Les syndicats veulent faire de la journée d’action de jeudi 18 septembre une démonstration de force contre la copie budgétaire de François Bayrou, même si celle-ci a été rapidement nettoyée par son successeur de la mesure la plus impopulaire, qui consistait à supprimer deux jours fériés pour financer l’effort de défense. Mais ils ciblent aussi la réforme des retraites et celle de l’assurance-chômage.

Surtout, ils se posent en relais du sentiment d’injustice qui monte face « au mauvais partage de la valeur et des richesses ». Le communiqué de l’intersyndicale pointe notamment « les baisses d’impôts pour les riches et les 211 milliards d’euros d’aides publiques captées par les plus grandes entreprises », au moment où le Parti socialiste (PS), devenu l’arbitre du prochain budget, fait monter les enchères autour de la taxe Zucman, visant à instaurer un impôt minimal de 2 % sur les patrimoines supérieurs à 100 millions d’euros.

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