Carmat, l’odyssée brisée du cœur artificiel français

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Coeur artificiel Aeson, contre l'insufisance cardiaque biventriculaire, de chez Carmat, Bois-d’Arcy (Yvelines), 16 janvier 2024.

« Ce cœur-là, il bat bien mieux que celui que j’avais avant.  » Patrick Boitelet, qui parle au téléphone depuis son salon, est soulagé. Il a bien cru que sa vie s’arrêterait cette fin novembre de 2024, lorsque sa cardiomyopathie dilatée s’est brutalement aggravée. Admis à l’hôpital européen Georges-Pompidou (AP-HP), à Paris, le quinquagénaire a besoin d’une greffe cardiaque en urgence, mais aucun greffon n’est disponible. « La docteure Anne-Céline Martin est venue me voir dans ma chambre en soins intensifs, raconte-t-il. Elle m’a dit qu’on entrait dans une impasse et qu’il allait falloir faire un choix. Au début, j’ai refusé l’implantation d’un cœur artificiel. C’est ma femme qui m’a convaincu.  » On entend au téléphone un petit couinement, ou peut-être l’aboiement d’un chiot, seul indice perceptible de ce dispositif, hydraulique, qui bat dans sa poitrine.

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Ce cœur, appelé Aeson, a été fabriqué par la société Carmat, aujourd’hui menacée. Après trente ans de recherche, 550 millions d’euros d’investissements et 122 patients en insuffisance cardiaque terminale soignés, cette entreprise de 180 salariés, longtemps symbole de l’innovation française, s’est déclarée en cessation de paiements le 30 juin. Dix jours plus tôt, elle avait joué son va-tout pour mobiliser les investisseurs, en alertant sur un besoin urgent de financement, de 3,5 millions d’euros pour boucler le mois, et d’environ 20 millions d’euros pour le reste de l’année.

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