« Plus les années passent, plus l’institution perd ses cadres »

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La mise en garde est aussi catégorique qu’inhabituelle dans les rangs des personnels d’encadrement de l’éducation nationale. « Plus les années passent, plus l’institution perd ses cadres », a prévenu le SNPDEN-UNSA, syndicat majoritaire des chefs d’établissement des collèges et lycées, en présentant, vendredi 12 septembre, les résultats de son enquête de rentrée. Il en ressort une opposition nette et massive des personnels de direction aux « orientations et choix ministériels » : sur les 2 000 personnes ayant répondu, 68 % se déclarent insatisfaits, et seuls 7 % expriment de la satisfaction.

Les chefs d’établissement, qui alertent depuis plusieurs années sur le rythme de la communication politique et son décalage avec les besoins ou les moyens du terrain, ont peu goûté de découvrir à nouveau certaines mesures prévues pour la rentrée lors de la conférence de presse de la ministre – désormais démissionnaire – Elisabeth Borne, le 28 août. « La circulaire de rentrée nous a été envoyée début juillet, ça n’avait déjà pas trop de sens, et les dernières directives ministérielles nous sont parvenues le 28 août », rappelle Bruno Bobkiewicz, secrétaire général du SNPDEN-UNSA, qui résume ainsi l’état d’esprit des personnels de direction : « Le temps pressé écrase le temps pensé. »

Sur le fond, les principaux de collège et proviseurs de lycée signifient également largement leur désaccord avec les politiques menées. La réforme de la voie professionnelle n’est approuvée que par 3 % des chefs d’établissement, tandis que plus de 60 % s’en disent insatisfaits – le ministère a annoncé peu avant la rentrée scolaire une adaptation de la réforme de l’année de terminale professionnelle, unanimement dénoncée comme un échec par les enseignants et proviseurs. L’insatisfaction atteint également 70 % concernant les groupes de besoin en français et mathématiques, déployés en 6e et 5e depuis la rentrée 2024. Moins de 58 % déclarent désormais appliquer cette mesure telle que prévue dans les textes (contre 74 % en 2024). La majorité des collèges n’a par ailleurs pas mis en place de dispositif spécifique pour les 4e et 3e, tel que demandé par le ministère.

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