

« Attendez, est-ce que vous pouvez juste nous dire ce qu’est une fibrillation ventriculaire ? » Il est 22 h 40, le dernier témoin du jour est à la barre depuis deux heures, la salle d’audience s’est vidée, les jurés qui suivent les débats depuis 9 heures du matin n’ont pas tous abdiqué, mais presque, et la présidente de la cour, Delphine Thibierge, ne comprend pas ce qu’est une fibrillation ventriculaire.
Après deux journées consacrées au récit de l’enquête par ceux qui l’ont dirigée, le procès de l’ancien anesthésiste Frédéric Péchier, accusé de 30 empoisonnements, dont 12 mortels, devant la cour d’assises du Doubs, a basculé dans le registre médical et brusquement plongé dans la complexité, jeudi 11 septembre, avec la déposition de Sébastien Pili-Floury, premier médecin à la barre depuis l’ouverture de l’audience, lundi. Cet homme de 54 ans à l’allure décontractée et au verbe précis est le chef du service de réanimation du centre hospitalier universitaire (CHU) de Besançon. Aux yeux des enquêteurs, il est un « lanceur d’alerte » dans cette vertigineuse affaire.
Le 11 janvier 2017, Sandra Simard, 36 ans, aucun antécédent cardiaque, aucune comorbidité, se présente à la clinique Saint-Vincent de Besançon pour une banale opération du dos sous anesthésie générale. Au bout d’une heure, elle fait un arrêt cardiaque inexpliqué – une asystolie, en l’occurrence, et non une fibrillation ventriculaire. Anne-Sophie Balon était l’anesthésiste-réanimatrice référente de l’opération, c’est elle qui avait endormi Sandra Simard avant de la confier à un chirurgien.
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