La Chine fait transiter son porte-avions dernier cri par le détroit de Taïwan

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Le porte-avions chinois « Fujian », lors de son premier essai en mer, exercice qui a eu lieu du 1ᵉʳ au 8 mai 2024, sur une photo prise par drone distribuée par le ministère de la défense chinois.

Dans un communiqué publié sur le réseau social WeChat, vendredi 12 septembre, un porte-parole de la marine chinoise, le capitaine Leng Guowei, a annoncé que le dernier né de ses porte-avions, le Fujian, avait « transité récemment par le détroit de Taïwan en direction des eaux de la mer de Chine méridionale pour [aller] procéder à des tests de recherche scientifique et des missions d’entraînement ».

Il a précisé que « soumettre le “Fujian” à des tests et des exercices transrégionaux est une part normale du processus de construction d’un porte-avions et ne vise aucune cible spécifique ».

Les autorités taïwanaises ont dit avoir surveillé les mouvements du bateau « pour apprécier pleinement la situation », et avoir « réagi en conséquence ». La question de l’île est une des sources majeures de tension dans la région, théâtre de multiples querelles territoriales et d’une lutte d’influence entre grandes puissances.

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Tous les mouvements à caractère militaire dans le détroit de Taïwan y sont sensibles. La Chine considère Taïwan comme l’une de ses provinces, qu’elle n’a pas réussi à unifier avec le reste de son territoire après 1949 et la fin de la guerre civile chinoise. Elle refuse d’exclure le recours à la force pour prendre le contrôle de l’île, sous gouvernement démocratique, et la soumet à une pression militaire, économique et diplomatique constante.

Par ailleurs, le ministère de la défense japonais a déclaré dans un communiqué, jeudi, que sa marine avait repéré le Fujian accompagné de deux destroyers et progressant en direction du sud-ouest, à environ 200 km au nord-ouest des îles Senkaku – Diaoyu pour la Chine – qui sont administrées par Tokyo mais revendiquées par Pékin.

Le plus grand navire jamais construit par la Chine

La Chine dispose de deux porte-avions en service actif : le Liaoning, acheté à l’Ukraine en 2000, et le Shandong, premier porte-avions à avoir été construit en Chine, mis en service en 2019. En avril, ce dernier avait participé à des manœuvres militaires dans le détroit de Taïwan avec simulation de « blocus », selon le commandement du théâtre oriental de l’armée chinoise.

Le Fujian, le plus grand navire jamais construit par la Chine, a effectué ses premiers essais en mer en 2024, et tient son nom de la province chinoise située en face de Taïwan. Il participe au renforcement des capacités chinoises de dissuasion et de projection en Asie-Pacifique, et plus globalement à la montée en puissance de l’armée chinoise dans un contexte de rivalité avec le système d’alliances des Etats-Unis. La Chine assure que ses intentions sont pacifiques.

Ce nouveau porte-avions devrait être doté de systèmes de décollage plus avancés, permettant de déployer des avions transportant des charges utiles plus importantes et davantage de carburant, selon les analystes du groupe de réflexion CSIS à Washington.

La Chine garde le secret sur la date de mise en service du Fujian. Mais les experts spéculent sur une date qui coïnciderait symboliquement avec un évènement historique pour le pays.

« Un voyage d’entraînement inhabituel »

Ce premier voyage au long cours du bâtiment indiquerait que sa mise en service approche, a écrit Zhang Junshe, chercheur à l’Institut de recherche académique militaire naval, dans le journal chinois en langue anglaise Global Times.

Le porte-avions « a procédé préalablement à des essais en mer de Chine orientale et en mer Jaune. Ce voyage d’entraînement inhabituel dans les eaux de la mer de Chine méridionale représente un test complet et manifeste les progrès des capacités de navigation au long cours du porte-avions, de sa faculté à s’adapter à des environnements complexes et de la coordination de l’équipage », dit-il.

Spécialiste du matériel naval, l’expert Alex Luck, tempère. Il peut s’agir aussi bien d’un essai que d’une préparation à la mise en service, dit-il. « Les deux options sont possibles, en fonction des étapes suivantes. Mais il est trop tôt pour se prononcer. On doit se contenter de ce qu’on voit pour l’instant », insiste-t-il.

Le Monde avec AFP

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