

Le Parti des peuples africains-Côte d’Ivoire (PPA-CI), la formation de l’ex-président Laurent Gbagbo, a affirmé, dimanche 3 août, que six de ses membres ont été « enlevés et emmenés dans des lieux inconnus », dénonçant « une vague de répression » à moins de trois mois de l’élection présidentielle. Le climat politique est tendu en Côte d’Ivoire avant le scrutin du 25 octobre : des figures de l’opposition – dont Laurent Gbagbo – sont exclues du scrutin par des décisions de justice et plusieurs militants d’opposition ont été interpellés ces dernières semaines.
« Une vague de répression s’abat sur nos cadres et militants », a affirmé Sébastien Dano Djédjé, le président exécutif du PPA-CI, lors d’une conférence de presse, dimanche. Il a cité les noms de six membres du parti – dont Pascale Zaholy, la députée suppléante de la commune de Yopougon, à Abidjan – qui ont été « enlevés », selon lui, dans la nuit de samedi à dimanche. Dénonçant des « arrestations arbitraires » et une « intimidation politique » du pouvoir en place, M. Dano Djédjé a réclamé la « libération immédiate » des six militants et constaté « une montée inquiétante des violations des libertés constitutionnelles ».
Le député de Yopougon Michel Gbagbo, fils de Laurent Gbagbo, a de son côté confirmé à l’Agence France-Presse (AFP) que sa suppléante, Pascale Zaholy, a été « enlevée » à l’aube « par des personnes encagoulées ».
« Ratissage »
Dans la nuit de vendredi à samedi, à Yopougon, un bus de transport public avait été incendié, une voiture de police dégradée et ses occupants « molestés par une horde d’individus » armés « de machettes, de gourdins, d’armes à feu et de cocktails incendiaires », a affirmé le procureur Oumar Braman Koné dans un communiqué, samedi. Il a indiqué que deux personnes ont été immédiatement interpellées sur place et qu’un « ratissage a conduit à l’interpellation de plusieurs autres, qui sont en train d’être entendues », sans préciser leur identité.
Le ministre de l’intérieur, Diomandé Vagondo, a indiqué dimanche soir à la télévision ivoirienne que onze personnes avaient été interpellées à la suite de ces « moments de violence grave ». « Dans notre pays, aucune interpellation ne se fait de façon arbitraire », a ajouté M. Vagondo. Le PPA-CI a condamné dimanche ces violences et nié toute implication de ses militants.
En juin, des responsables de la jeunesse du Parti démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI, principal parti d’opposition) avaient été interpellés pour trouble à l’ordre public, selon leur avocat. Fin juin, Gala Kolebi, sociologue et militant chargé de la communication au PPA-CI, a été condamné à dix-huit mois de prison pour « diffusion de fausses nouvelles ».
Outre Laurent Gbagbo, d’autres leaders d’opposition, comme le président du PDCI, Tidjane Thiam, ou l’ex-premier ministre en exil Guillaume Soro, ont été radiés de la liste électorale par des décisions de justice et ne devraient pas pouvoir concourir le 25 octobre. Mardi, le président Alassane Ouattara, au pouvoir depuis 2011, a annoncé son intention d’être candidat à un quatrième mandat.