le suspect, mineur, jugé pour violences antisémites

2855


Le président de la communauté juive d’Orléans, André Druon (3ᵉ à gauche) et la préfète du Loiret, Sophie Brocas (4ᵉ à gauche), lors d’une marche silencieuse en soutien à Arié Engelberg, à Orléans, le 25 mars 2025.

Un mois après l’agression en pleine rue du rabbin d’Orléans, qui avait suscité une vive émotion et de nombreuses réactions politiques, le suspect interpellé est jugé mercredi 23 avril devant le tribunal pour enfants de cette ville.

« Le rabbin et son fils sont toujours extrêmement choqués », a affirmé à l’Agence France-Presse (AFP) leur avocate, Me Alexandra Levy-Druon, précisant que le premier devrait être présent à l’audience, qui se déroulera à huis clos à partir de 14 heures. Elle a décrit « l’angoisse du rabbin » Arié Engelberg à l’idée de se retrouver face à son agresseur.

« Il a surtout peur de l’après-procès et d’éventuelles représailles », a-t-elle ajouté, celui-ci étant toujours « très surpris par l’ampleur prise par l’affaire ». Mais « ce procès est nécessaire pour faire toute la vérité sur ces actes ».

Une agression pour laquelle le suspect – « un mineur isolé, arrivé en France depuis moins d’un an », avait déclaré son avocat fin mars –, doit être jugé des chefs de violences volontaires commises en raison de l’appartenance ou de la non-appartenance, réelle ou supposée, de la victime à une religion. Le jeune homme sera également poursuivi pour « violences psychologiques » à l’égard du fils d’Arié Engelberg, 9 ans, présent lors des faits.

Contacté par l’AFP, le conseil du prévenu, Me Nicolas Bouteillan, a déclaré ne pas souhaiter communiquer en amont de l’audience. Son client avait déclaré lors de sa garde à vue « être âgé de 16 ans et être de nationalité palestinienne », sans qu’« aucun élément ne permette de remettre en cause l’état de minorité qu’il déclare », selon un communiqué du 24 mars de la procureure de la République d’Orléans, Emmanuelle Bochenek-Puren.

Le suspect nie être à l’origine de l’altercation

En fin de garde à vue, le suspect avait finalement affirmé être de nationalité marocaine, selon la magistrate. Il avait été placé en détention provisoire par le juge des libertés et de la détention « conformément aux réquisitions du ministère public ». Confronté aux termes de la plainte déposée et aux témoignages recueillis, il avait alors « nié être à l’origine de l’altercation et soutient s’être défendu ».

Au sujet de son agression survenue en centre-ville le 22 mars « aux environs de 13 h 40 », le rabbin Arié Engelberg, « accompagné de son fils », a raconté avoir été abordé par le mineur, « en se filmant [et en] le questionnant sur sa religion (…) tout en proférant des injures à caractère antisémite et en crachant en leur direction ».

Newsletter

« A la une »

Chaque matin, parcourez l’essentiel de l’actualité du jour avec les derniers titres du « Monde »

S’inscrire

M. Engelberg a aussi relaté que son agresseur lui avait demandé s’il était juif : « J’ai répondu oui » et « il a commencé à dire “tous les juifs sont des fils de…” ».

En 2024, 1 570 actes antisémites recensés en France

Le jeune homme, sans formation particulière, est « impliqué dans trois procédures judiciaires, conduites entre octobre 2024 et décembre 2024, pour des faits de trafics de stupéfiants et de violences volontaires sur personnes dépositaires de l’autorité publique à Marseille, et de vol aggravé » à Orléans, a aussi précisé le communiqué. A chaque fois, « il a déclaré une identité différente ».

L’adolescent avait par ailleurs « refusé de se soumettre aux relevés signalétiques et aux prélèvements biologiques permettant son identification, avant de s’y soumettre », ce pour quoi il sera aussi poursuivi. Le jeune homme sera également jugé pour « usage de stupéfiants », deux grammes de résine de cannabis ayant été trouvés sur lui.

L’agression avait suscité une vive émotion dans la ville, et plus d’un millier de personnes s’étaient rassemblées quarante-huit heures après les faits « en soutien au rabbin » et pour « dénoncer l’antisémitisme ».

En 2024, 1 570 actes antisémites ont été recensés en France, selon le ministère de l’intérieur. Le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) avait déploré, en janvier, le niveau « historique » de ces attaques, avec une « explosion » après le 7 octobre 2023, date de l’attaque sans précédent du Hamas en Israël.

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu



Source link