A l’approche des municipales de 2026, le tabou se brise autour de la santé mentale des maires

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La mine détendue, mais encore marquée par la fatigue, Patrick Gaultier reçoit dans le bureau du maire de Renazé (Mayenne), un après-midi pluvieux de mars. « Depuis trois semaines, je passe deux fois moins de temps ici », s’aperçoit l’élu de 66 ans. Celui qui fut l’édile (divers gauche) de la petite ville dix-sept ans durant a remis son écharpe, fin février, un mois après avoir annoncé sa démission. Une décision motivée par l’état d’épuisement qui le gagnait peu à peu : « J’ai senti la pression et l’usure monter en moi. Cette fois-ci, j’ai pris les devants. » Car Patrick Gaultier a déjà vécu un burn-out dans l’exercice de son mandat, en 2018.

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L’agriculteur cumule à l’époque son activité avec ses fonctions d’édile et de président de la nouvelle communauté de communes, dont la fusion s’avère laborieuse. « Je travaille tellement que je ressens une fatigue extrême et un fort stress. Je deviens très irritable, je vois bien que je m’enfonce », relate-t-il. Le déclic a lieu grâce à une main tendue, un soir où, alors qu’il s’attarde de nouveau, un autre maire le pousse à rentrer chez lui. « Le lendemain aux aurores, il vient me dire qu’il a regardé les symptômes du burn-out, et que je suis en plein dedans. Dans la foulée, je consulte mon médecin, puis j’annonce ma mise en retrait à mon équipe. Ça a été un moment très difficile », se souvient-il, ému. Le jeune retraité se représente en 2020, uniquement à la mairie. Mais ses fonctions demeurent « épuisantes » et finissent par le conduire à la renonciation.

Alors que le nombre de démissions ne cesse de croître depuis 2020, deux études publiées à l’automne ont, pour la première fois, levé le voile sur la santé mentale des maires. Une première, menée par les sociologues Didier Demazière et Jérôme Pélisse, du Centre de sociologie des organisations (Sciences Po Paris-CNRS) avec l’Association des maires de France et des présidents d’intercommunalité (AMF), a révélé que 83 % des édiles jugent leur mandat usant pour leur santé et se disent « fréquemment » sujets à un fort stress ou à des troubles du sommeil.

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