
LETTRE D’OSAKA

A Osaka, c’est une page d’histoire qui va se tourner. Le quartier de Kamagasaki, au sud de la grande ville portuaire, qui abrita longtemps le plus grand marché de main-d’œuvre journalière du pays, est en effet condamné à disparaître. Appelé également « le quartier de l’amour et de la pitié », Kamagasaki est une zone de grande misère où survivent des journaliers trop vieux pour être embauchés, d’autres sans-abri venus d’ailleurs et des paumés en tout genre : surtout des hommes et quelques femmes jetés là par le ressac de la vie dont bien rares sont ceux et celles qui en repartiront.
Un étalage de pauvreté qui ne sied pas aux réjouissances de l’Exposition universelle 2025, accueillie par la ville à partir du 13 avril. En prévision, la municipalité avait ordonné dès 2019 la fermeture du centre du travail et de la protection sociale d’Airin, symbole du quartier de Kamagasaki depuis son ouverture en 1970, s’appuyant sur le fait qu’il n’était plus conforme aux normes antisismiques. L’énorme et sinistre bâtisse de béton abritait un bureau d’embauche, un dispensaire, des buvettes, des douches vétustes… Selon Hiroshi Inagaki, président du syndicat des journaliers, « le centre était le lieu de rencontre des laissés-pour-compte ». Dans la journée, certains dormaient dans le préau du bureau d’embauche après sa fermeture, en début de matinée, lorsque toutes les offres d’emploi avaient trouvé preneur. « Le problème des normes antisismiques est réel mais des travaux auraient suffi pour régler le problème. La vérité, c’est que les autorités voulaient juste faire disparaître le centre », poursuit M. Inagaki.
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