Emmanuel Macron annonce que l’armée française va « accroître et accélérer les commandes de Rafale »

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Emmanuel Macron prononce un discours devant les avions de combat Mirage 2000 et Rafale (à droite) lors d’une visite à la base aérienne de Luxeuil-Saint-Sauveur (Haute-Saône), le 18 mars 2025.

Le chef de l’Etat français a promis, mardi 18 mars, « d’importantes décisions pour nos armées » dans les « prochaines semaines », dans le cadre de nouveaux investissements de défense décidés en raison de la « bascule » géopolitique. « L’armée de l’air et de l’espace bénéficiera de davantage de commandes de Rafale », a annoncé Emmanuel Macron, lors d’un discours prononcé à l’issue d’une visite de la base aérienne militaire 116 de Luxeuil-Saint-Sauveur (Haute-Saône).

Avec un escadron équipé de vingt-six avions de chasse Mirage 2000-5, la base de Luxeuil-Saint-Sauveur est au cœur du dispositif français de « police du ciel », en particulier dans le cadre des manœuvres de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), et a aussi contribué à la dissuasion nucléaire, comme l’a rappelé le chef de l’Etat lors de son discours. « Non seulement la base de Luxueil [va] rester (…), mais elle va bénéficier d’investissements massifs pour accueillir les deux prochains escadrons de Rafale, pour atteindre près de deux mille militaires et civils à l’horizon 2030 », a-t-il aussi annoncé.

Par ailleurs, la base sera, « à l’horizon de 2035, la première à accueillir la prochaine version du Rafale et son missile nucléaire hypersonique, figure du renouvellement entamé de la modernisation de notre dissuasion nucléaire », a ajouté le président, évoquant pour cela un investissement de l’Etat pour adapter le site. Il subira d’importantes modifications afin d’être modernisé, pour un investissement de « près de 1,5 milliard d’euros » entre 2026 et 2032. « Nous allons renforcer chacune des composantes de la dissuasion », a encore promis M. Macron.

« Se préparer » pour « éviter la guerre »

« C’est d’ici qu’aujourd’hui des Mirage sont partis en Ukraine et [c’est ici] que des pilotes ukrainiens sont formés », a-t-il affirmé lors de son discours, ajoutant : « Nous continuerons de soutenir l’Ukraine face à la guerre d’agression » menée par la Russie. L’augmentation des commandes de Rafale, l’avion de chasse français fabriqué par Dassault Aviation, « est un impératif dans le contexte actuel. C’est aussi un choix naturel pour intégrer l’effort des aviateurs vis-à-vis de l’Ukraine, avec la cession de nos Mirage » à Kiev, a justifié M. Macron.

De 1966 à 2011, la base de Luxeuil-Saint-Sauveur a participé à la mise en œuvre de la dissuasion nucléaire aéroportée française. Une « longue histoire au service de la mission qui constitue le cœur de notre défense » avec laquelle la base va ainsi renouer, a expliqué le chef de l’Etat. Devant un Mirage et un Rafale, et quelque 200 à 300 militaires en tenue, le président a insisté sur la dissuasion nucléaire – dont la France est le seul membre de l’Union européenne à disposer. « C’est une chance pour notre pays. C’est pourquoi nous continuerons de renforcer chacune de ses composantes », a-t-il assuré.

« A travers [l]es deux lois de programmation militaire, nous aurons doublé le budget des armées » depuis 2017, a encore fait valoir le président, soulignant que la France « n’a pas attendu » 2022 et le déclenchement de la guerre en Ukraine. L’armée française est « la plus efficace de notre continent », a estimé M. Macron.

« Nul ne sait dire ce qui adviendra dans les mois, les années qui viennent. Ce que je veux, c’est que nous soyons prêts et protégés », a-t-il plaidé, alors qu’une partie de ses opposants, notamment le Rassemblement national, lui reprochent de « jouer avec les peurs » en agitant la « menace russe ». « Notre pays et notre continent devront continuer, et se doter, se préparer, si nous voulons éviter la guerre. C’est le choix que nous avons fait et que nous continuons de faire. J’aurai l’occasion de revenir sur chacun de ces temps dans les semaines à venir », a conclu M. Macron.

Attendu à Berlin pour évoquer la défense européenne

L’armée de l’air française disposait l’an passé de 108 Rafale, la marine de 41 autres, et la France doit recevoir 56 appareils supplémentaires. Le ministre des armées, Sébastien Lecornu, a fait état récemment d’un besoin d’acquérir 30 Rafale de plus (20 pour l’armée de l’air, 10 pour la marine).

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Alors que l’administration Trump fait pression pour que l’Ukraine signe un cessez-le-feu avec la Russie et a drastiquement réduit son aide à Kiev, les alliés européens ont accéléré leurs discussions ces dernières semaines afin d’accroître le soutien à l’Ukraine et de renforcer la défense européenne.

M. Macron a annoncé au début de mars qu’il avait « décidé d’ouvrir le débat stratégique sur la protection par notre dissuasion de nos alliés du continent européen », en réponse à un « appel historique » en ce sens du futur chancelier allemand, Friedrich Merz. Après avoir visité la base de Luxeuil-Saint-Sauveur, le président de la République doit justement se rendre mardi après-midi à Berlin pour rencontrer le chancelier sortant, Olaf Scholz, puis dîner avec M. Merz.

Le Monde

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