Action de militants d’ultradroite contre une exposition dans la basilique Saint-Denis ; la mairie « condamne avec la plus grande fermeté »

4966


Le projet « Les Nouvelle Reines » de l’artiste Sandra Reinflet, exposé sur la place de la Bastille, à Paris, le 07 octobre 2023.

Plusieurs personnes liées à un groupe d’ultradroite ont mené une action, mardi 11 mars dans l’après-midi, contre une exposition installée dans la basilique Saint-Denis comprenant notamment des portraits de femmes voilées.

Dans un communiqué publié sur X, la mairie a « condamn[é] avec la plus grande fermeté l’action menée par le collectif d’ultradroite Les Natifs » et rappelé que « Saint-Denis, c’est la France. Une France riche de ses différences, forte de sa diversité et fière de son héritage multiple ». « A Saint-Denis, nous ne laisserons pas la haine et l’intolérance dicter leur loi », ajoute la municipalité, qui apporte son soutien à la créatrice des œuvres ciblées. Auprès de l’Agence France-Presse, le maire socialiste, Mathieu Hanotin, s’est dit « scandalisé » par une action qui vient « créer des problèmes là où il n’y en avait pas ».

Dans une courte vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, on peut voir plusieurs personnes recouvrir des œuvres de grands draps noirs où elles apposent ensuite des illustrations de Sainte-Geneviève et de Jeanne d’Arc. Pour ce projet intitulé « Les Nouvelle Reines », l’artiste Sandra Reinflet a photographié et projeté des vitraux sur les corps de 31 habitantes des communes de Saint-Denis et d’Aubervilliers. Ses œuvres sont installées dans la basilique depuis le 19 septembre et l’exposition est programmée jusqu’au 27 avril.

« Sandra Reinflet, par ses portraits issus de la diversité, donne à voir une France multiple, vivante, forte de sa pluralité, a insisté la mairie. C’est précisément cette réalité que le collectif Les Natifs cherche à masquer en imposant une vision étriquée et fantasmée de l’histoire nationale. »

Une « polémique inutile suscitées par [d]es haineux »

Dans un communiqué diffusé le 6 mars, le diocèse de Saint-Denis-en-France avait déjà déploré des « critiques virulentes sur certains réseaux sociaux et médias » en rappelant qu’il « a approuvé, au cours de l’été 2024, l’accueil de cette exposition ». Le Centre des monuments nationaux a fait le choix de ce projet selon des critères « qui ne portent atteinte ni aux valeurs de l’Evangile ni au culte catholique », avait expliqué le diocèse, affirmant : « L’exposition présente des parcours de vie de femmes de 19 à 85 ans, d’origines diverses, sans qu’il soit question de revendication religieuse ou militante d’aucune sorte. »

Dans un communiqué publié le 4 mars, la mairie avait rapporté que l’exposition faisait « l’objet de critiques d’internautes racistes mais aussi d’élus du Rassemblement national » affirmant « que l’exposition de photos de femmes voilées, à proximité des sépultures des reines de France, serait un manque de respect à l’égard du monument et de son histoire ». Elle avait condamné des propos tenus « sur fond d’islamophobie, d’ignorance de la tradition d’ouverture de la basilique de Saint-Denis » et regretté « la polémique inutile suscitée par ces haineux ».

La justice a déjà mené des investigations sur le compte X Les Natifs, un de ceux qui ont relayé la vidéo mardi. Selon le parquet de Paris, plusieurs injures racistes qui, en juin dernier, ont visé la chanteuse franco-malienne Aya Nakamura, quant à ce qui n’était alors que sa possible participation à la cérémonie d’ouverture des JO 2024, « émanaient notamment du compte X du groupe Les Natifs » affilié à la mouvance de l’extrême droite identitaire. Treize personnes seront jugées le 4 juin à Paris pour ces injures.

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu



Source link