« L’OTAN est devenue un bouc émissaire facile des échecs de la défense européenne »

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La défense des frontières et du territoire européen repose aujourd’hui essentiellement sur l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord. Là est la raison d’être de l’OTAN, depuis ses débuts, en 1949. Du haut de ses 76 ans, la doyenne des alliances militaires dans le monde demeure cependant largement fantasmée par l’opinion publique européenne et, on peut le craindre, par certains dirigeants européens. Les menaces de désengagement de Donald Trump choquent, c’est évident, par leur brutalité. Mais la crise actuelle découle aussi en grande partie de l’indécision historique des Etats européens.

Beaucoup de fantasmes dominent la politique européenne vis-à-vis de l’OTAN. Certains se sont en partie nourris par la méconnaissance de l’histoire. L’Alliance est souvent présentée comme une arme de l’impérialisme américain. Or ce sont les Européens, et notamment les Français, qui l’ont souhaitée. Au point de forcer la main aux Etats-Unis, qui, en 1945, forts de leur monopole atomique, pensaient surtout à démobiliser et à ramener leurs hommes au pays.

Un autre fantasme demeure entretenu autour de l’article 5 du traité de Washington, à propos de la solidarité entre les membres de l’Alliance. Au moment de le rédiger, les Européens veulent s’assurer que les Etats-Unis interviendront automatiquement en cas d’attaque soviétique. Mais les Américains refusent. D’où la rédaction finalement retenue : en cas d’agression, chaque membre réagira « en prenant aussitôt, individuellement et d’accord avec les autres parties, telle action qu’[il] jugera nécessaire, y compris l’emploi de la force armée ». Il n’y a ni automaticité ni engagement à intervenir militairement.

Vieux réflexe

L’article, de fait, protège moins que la clause de défense mutuelle de l’Union européenne (UE), l’article 42.7 du traité de Lisbonne adopté en 2007, qui stipule que « si un pays de l’UE est victime d’une agression armée sur son territoire, les autres pays de l’UE ont l’obligation de lui porter aide et assistance par tous les moyens en leur pouvoir ». La Suède et la Finlande ont pourtant candidaté à l’OTAN, alors qu’elles bénéficiaient de la protection de cet article. Au-delà des clauses se pose la question de la confiance entre partenaires européens, et des moyens susceptibles d’être concrètement mis en œuvre.

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