Casser le chiffrement de WhatsApp ou Signal, un serpent de mer politique dangereux

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L’Assemblée nationale va débuter, mardi 4 mars, l’examen de la proposition de loi « visant à sortir la France du piège du narcotrafic ».

Lors de son passage au Sénat, une disposition particulièrement controversée a été ajoutée à ce texte défendu par les sénateurs Jérôme Durain (Parti socialiste) et Etienne Blanc (Les Républicains). Dans son article 8ter, il prévoit désormais d’obliger les plateformes comme WhatsApp ou Signal à prendre des mesures pour pouvoir transmettre le contenu des échanges entre leurs utilisateurs, actuellement impossibles à déchiffrer, dans le cadre de certaines requêtes formulées par les enquêteurs.

Cette obligation existait déjà peu ou prou dans la loi, mais cette dernière prévoyait que les fournisseurs de messagerie puissent s’y soustraire. En l’état, la proposition de loi prévoit de retirer cette possibilité.

L’ajout d’une telle porte dérobée est un serpent de mer vieux de plus de trente ans, qui se heurte aux exigences de sécurité numérique et aux lois des mathématiques.

Toute « faille » est incontrôlable

Le chiffrement utilisé par les applications comme Signal ou WhatsApp, dit « de bout en bout », fonctionne sur un principe simple : il rend les messages lisibles uniquement par l’émetteur et le destinataire. Quand vous envoyez une photo, un lien ou quelques mots à un ami sur, par exemple, Signal, le destinataire est le seul à détenir la « clef » qui permettra d’ouvrir le cadenas virtuel qui rend le message illisible. Même l’administrateur de la messagerie ne la connaît pas.

Si un message est intercepté durant son transit d’un téléphone ou d’un ordinateur à l’autre, il ne sera possible que de voir une suite de chiffres et de lettres incompréhensibles et quasiment impossible à déchiffrer, du fait de la solidité des algorithmes actuels. Idem pour les messages éventuellement stockés par la messagerie. Il est donc impossible de demander à WhatsApp ou Telegram fournir des messages a posteriori.

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