nouveau report du premier lancement commercial de la fusée

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La fusée Ariane 6, lanceur de satellites de l’Agence spatiale européenne (ESA), avant son lancement inaugural prévu au Centre spatial de Kourou, en Guyane française, le 3 mars 2025.

Nouveau report, au dernier moment : la fusée Ariane 6, qui devait emporter dans l’espace un satellite militaire français pour sa première mission commerciale, n’a pas décollé lundi 3 mars en raison d’une « anomalie au sol ». Elle ne pourra pas être lancée avant mercredi.

« Une anomalie a été détectée au niveau des équipements, au sol (…). Une vanne s’est avérée dysfonctionnelle sur l’un des tuyaux qui permettent d’avitailler le lanceur », a déclaré le patron d’Arianespace David Cavaillolès au cours d’un point de presse à Kourou. Il n’a pas avancé de nouvelle date, mais a précisé que le nouveau lancement ne pouvait intervenir avant mercredi. Cela « dépendra de notre capacité à trouver rapidement la source de l’erreur et surtout de notre capacité à trouver rapidement une solution ». « Le lanceur va bien, il est sain, le satellite aussi », a-t-il rassuré.

Ariane 6 s’était dévoilée sur son pas de tir à Kourou dans la nuit de dimanche à lundi pour un lancement attendu à 16 h 24 GMT (17 h 24 à Paris). Son report a été annoncé environ une demi-heure avant l’heure prévue. Initialement prévue en décembre, la mission avait déjà été reportée au 26 février, puis à lundi, une pratique courante dans le secteur spatial. « Tous les lancements sont à risques », avait déclaré la semaine dernière à l’Agence France-Presse (AFP) Lionel Suchet, PDG par intérim du CNES, agence spatiale française.

Cette mission, hautement symbolique, vise à sceller la souveraineté retrouvée de l’Europe spatiale dans un contexte de rapprochement entre les Etats-Unis et la Russie. Les turbulences géopolitiques étaient lundi dans tous les esprits. « Nous devons être unis », avait lancé David Cavaillolès à l’intention des alliés européens au cours d’une conférence de presse avant le report du lancement, en soulignant l’importance de « ne dépendre de personne » pour le lancement des satellites « dans le monde d’aujourd’hui ».

« L’Europe doit assurer sa propre sécurité », a renchéri le directeur du transport spatial de l’Agence spatiale européenne, Toni Tolker-Nielsen, en insistant sur la nécessité de viser plus de lancements annuels avec Ariane 6, jusqu’à douze, contre cinq prévus cette année.

Philippe Baptiste, ministre de la recherche et ancien patron du CNES, a dit s’attendre à « des coups de boutoir » pour les lanceurs et les satellites de la part d’Elon Musk, qui a déjà chamboulé l’environnement spatial avec son entreprise SpaceX et a renforcé sa puissance en devenant un membre éminent de l’administration de Donald Trump. Dans ce contexte, « le concept d’autonomie stratégique, un temps moqué comme une lubie française, est au cœur de l’Europe de demain », a-t-il déclaré dans une interview à La Tribune. « Le nombre de lancements a explosé, non seulement américains, mais aussi chinois. Nous devons garder notre place », a fait valoir à Kourou le général Jérôme Bellanger, chef de l’Etat-major de l’armée de l’air et de l’espace.

L’Europe bloquée dans son accès à l’espace

Le satellite CSO-3 (pour « composante spatiale optique »), qu’Ariane 6 doit placer sur une orbite à 800 kilomètres, va compléter la mini-constellation de surveillance de la Terre pour le ministère français de la défense et améliorera ses capacités de renseignement. Il attend depuis 2022 d’être lancé ; deux autres satellites CSO-1 et CSO-2 déjà positionnés avaient été envoyés en 2018 et 2020 par des vaisseaux russes Soyouz.

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En Europe, seules la France et l’Italie disposent de satellites militaires (respectivement cinq optiques avec celui qui doit être lancé et deux radars), a détaillé pour l’AFP Bertrand Denis, vice-président chargé de l’observation de la Terre de la coentreprise franco-italienne Thales Alenia Space, qui fabrique l’instrument optique pour les CSO.

Les Etats-Unis comme la Chine comptent « des centaines » de satellites militaires ou civils et militaires, a dit à l’AFP Philippe Steininger, auteur du livre Révolutions spatiales et consultant du CNES.

Après le vol inaugural réussi d’Ariane 6 en juillet, un an après le dernier vol d’Ariane 5, ce premier lancement embarquant un satellite commercial doit sécuriser l’accès autonome de l’Europe à l’espace dont elle a été privée pendant plusieurs mois, ne pouvant plus disposer de Soyouz depuis l’invasion de l’Ukraine en 2022.

L’autre fusée européenne légère, Vega-C, n’a repris les vols qu’en décembre 2024, après avoir été immobilisée pendant deux ans dans la foulée d’un accident ayant entraîné la perte de satellites.

Le Monde avec AFP

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