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« Défi », « hors norme », « contraintes ». Ces mots reviennent en boucle dans la bouche de Ronan Le Clerc, secrétaire général du parquet de Rennes, lorsqu’il détaille l’organisation dont il a la charge, celle du plus important procès de pédocriminalité français. A partir de lundi 24 février et pendant quatre mois, Joël Le Scouarnec, 74 ans, comparaît devant la cour criminelle du Morbihan pour viols et agressions sexuelles sur 299 victimes âgées en moyenne de 11 ans, commis au sein d’hôpitaux où le prévenu exerçait comme chirurgien entre 1989 et 2014. « Ce procès n’a pas de semblable de par la volumétrie des victimes, mais aussi la nature des infractions reprochées. Ma préoccupation première a été de mettre en place une organisation au service des débats dans un contexte émotionnel très fort », explique le magistrat.
Depuis plus de deux ans, Ronan Le Clerc travaille au déroulement de ce procès susceptible de rassembler, lors des soixante-quinze jours d’audience, les centaines de parties civiles, 65 avocats, quelque 470 journalistes, etc. Il explique s’être inspiré des procès des attentats du 13-Novembre ou de l’attentat de Nice. La jauge de 90 personnes de la salle d’audience du palais de justice de Vannes s’est rapidement révélée insuffisante. Située à 300 mètres, l’ancienne faculté de droit a été réquisitionnée pour permettre la retransmission des débats. Un amphithéâtre est réservé au public, un autre à la presse, et un dernier aux parties civiles, lorsqu’elles ne témoigneront pas à la barre.
Dans une tribune publiée par Libération, le 14 février, l’avocate Marie Grimaud, qui représente 37 parties civiles, a fustigé cette organisation, qui ne permet pas aux victimes d’être présentes toutes ensemble dans la salle d’audience face à Joël Le Scouarnec et aux juges, « comme si nous n’étions que des acteurs de seconde zone à ce procès ». Plusieurs avocats contactés nuancent les critiques et soulignent les échanges avec la présidente du procès, Aude Buresi. « L’organisation n’est, certes, pas idéale. Mais le plus important était que ce procès puisse se tenir à Vannes. La majorité de mes clients pourront ainsi être présents et soutenus par des proches. Ils ne se seraient pas déplacés à Paris », décrit l’avocate Louise Aubret-Lebas.
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