dans un Nord-Kivu sous domination du M23, les déplacés, exsangues, regagnent leurs villages

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Le camp de déplacés de Kanyaruchinya, abandonné et vide, aux portes de Goma, en République démocratique du Congo, le 1er février 2025.

Là où Onesphore Manzi, électricien de 22 ans, a passé les trois dernières années aux côtés de dizaines de milliers de personnes, dans le camp de déplacés de Kanyaruchinya, aux portes de Goma, la capitale provinciale du Nord-Kivu (est de la République démocratique du Congo, RDC), il n’y a plus que des confettis de tentes éparpillés au sol. Un espace caillouteux jonché de résidus de bâches ou de tissus, d’emballages en plastique et de petits bouts de bois, là où s’élevaient les abris. Rien d’utilisable n’a été laissé.

De la même façon qu’il avait quitté dans l’urgence, il y a trois ans, Buhamba, son village du Nord-Kivu tout proche de la frontière du Rwanda, juste au-delà des premières collines verdoyantes, le jeune homme a précipitamment plié bagage dans l’autre sens. Goma à peine tombée, des rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) sont passés dans le camp, le 28 janvier, dire aux occupants qu’il était temps de rentrer chez eux.

En 2022, Onesphore Manzi avait fui l’avancée du mouvement armé qui débarquait sur ses terres natales, situées non loin de cette partie du Rutshuru par laquelle les rebelles étaient entrés en novembre 2021. Le M23, soutenu par l’armée rwandaise, accentuait alors sa pression sur le nord de Goma avant de pousser vers l’ouest pour asphyxier la capitale provinciale. Trois ans plus tard, voici de nouveau le jeune électricien face à ces mêmes rebelles offensifs. « Quand ils sont venus dans le camp, j’avais peur, je pensais qu’ils voulaient nous tuer mais ils ont été humains, très humanistes, et j’avais envie de rentrer chez moi », raconte-t-il. Avait-il vraiment le choix ?

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