
L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a été mise en examen en décembre pour homicide involontaire et non-assistance à personne en danger dans l’enquête sur le suicide d’une patiente à l’hôpital Ambroise-Paré de Boulogne-Billancourt en 2021, a appris l’Agence France-Presse (AFP), lundi 27 janvier, de source proche du dossier.
Cette mise en examen intervient dans le cadre d’une information judiciaire ouverte en janvier 2022 après une plainte déposée par la mère de l’adolescente, âgée de 16 ans au moment des faits. Elle a eu lieu le 20 décembre à l’issue de l’interrogatoire de la directrice de l’hôpital Ambroise-Paré (Boulogne-Billancourt) par une juge d’instruction du tribunal judiciaire de Nanterre (Hauts-de-Seine), selon des éléments de l’enquête dont l’AFP a eu connaissance lundi.
Lors de cette audition, la magistrate a détaillé l’enchaînement des événements ayant conduit la jeune femme, souffrant d’anorexie et hospitalisée au sein du service pédiatrique, à se défenestrer depuis le 7e étage du bâtiment.
« Un sentiment de culpabilité partagé »
Le soir du 26 janvier 2021, l’adolescente a brisé la vitre de sa chambre avec une chaise, se blessant au pied et provoquant l’intervention de l’infirmière de garde. Après s’être vu prescrire un sédatif pour calmer son angoisse, la patiente a réclamé un verre d’eau, se retrouvant seule dans la pièce. Elle a profité de ce moment pour se donner la mort, en sautant par la fenêtre en partie fracturée.
« Il y a un sentiment de culpabilité, de tristesse, je m’interroge beaucoup, comme tout le monde sur le fait que [la jeune femme] soit restée seule », avait déclaré lors de son audition, le 29 janvier 2021, l’interne de garde, citée par la juge d’instruction. Un questionnement partagé par la famille de l’adolescente, dont la mère a déposé plainte avec constitution de partie civile pour homicide involontaire par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence et non-assistance à personne en danger.
Une première enquête ouverte par le commissariat de Boulogne-Billancourt avait abouti, en juin 2021, à un classement sans suite. « La mise en examen très motivée de l’AP-HP constitue une étape très importante pour la famille », ont réagi Mes William Bourdon et Tahicia Joly, avocats de la famille de l’adolescente sollicités par l’AFP. « De façon inédite, l’AP-HP est mise en examen non seulement pour homicide involontaire pour violation délibérée d’une obligation de sécurité et de prudence, mais également pour non-assistance à personne en danger », poursuivent les conseils.
Contacté par l’AFP, l’avocat de l’AP-HP, Me Joachim Bokobsa, n’a pas souhaité réagir. L’établissement hospitalier n’avait pas répondu dans l’immédiat aux sollicitations de l’AFP.