Faute de budget, des enseignants contractuels non reconduits et des classes laissées sans remplaçant

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Examen au lycée Pasteur de Strasbourg le 18 juin 2018.

Depuis le mois d’avril, Léo (le prénom a été changé) exerçait en tant que professeur contractuel dans un collège de l’académie de Lyon, en attendant de pouvoir repasser son concours pour devenir professeur d’éducation physique et sportive (EPS). Début décembre, le mi-temps thérapeutique de la collègue qu’il remplace a été renouvelé pour trois mois ; son contrat à lui s’est brutalement interrompu, à deux semaines des congés scolaires de Noël. « Mon chef d’établissement m’a appelé mardi 3 décembre pour me dire que mon contrat n’avait pu être renouvelé et que je ne pouvais pas revenir le lendemain, mais que personne ne serait recruté à ma place », énonce, sonné, le jeune homme, à qui rien n’était reproché. Le rectorat, son employeur, ne l’a pas prévenu.

Ses élèves n’auront plus d’enseignant d’EPS d’ici à Noël. La mission de professeur principal ainsi que l’aide aux devoirs qu’assumait Léo ne seront plus assurées. Lui se trouve sans emploi, sans revenu et sans visibilité. « Je ressens un profond manque de respect vis-à-vis de mon travail, avec le sentiment qu’aux yeux de l’éducation nationale, on ne sert pas à grand-chose », soupire-t-il.

Des cas similaires de contractuels non renouvelés alors que des remplacements de longue durée ne sont pas couverts ont été signalés par dizaines depuis le début du mois de décembre aux organisations syndicales des académies de Lyon, d’Aix-Marseille ou encore de Reims, dans diverses disciplines (EPS, anglais, espagnol, arts plastiques…). A chaque fois, des raisons budgétaires ont été invoquées auprès du Snes-FSU, qui a contacté les rectorats.

« Décisions scandaleuses »

Dans un message à une équipe mobilisée contre la fin de contrat d’une professeure documentaliste, que Le Monde a pu consulter, le directeur académique du Rhône explique ainsi que « le calendrier de fin de gestion budgétaire de l’année civile 2024 conduit à cet arbitrage de manière contrainte et ferme pour le mois de décembre ». Ce collège classé en éducation prioritaire renforcé de Rillieux-la-Pape a dû fermer son CDI (centre de documentation et d’information). « Des actions en faveur de la lecture pour les élèves sont interrompues, et nous nous inquiétons du sort d’un de nos collègues de technologie dont le contrat arrive à terme », rapporte Esra Tekin, enseignante d’histoire-géographie et représentante syndicale (Snes-FSU) collège.

Dans l’académie d’Aix-Marseille, le Snes a recensé « entre vingt et quarante » contrats non reconduits dans plusieurs départements depuis le début du mois de décembre. « Les besoins sont toujours là, mais le rectorat nous dit que “plus rien n’est possible” sur le budget 2024 », dénonce Ramadan Aboudou, cosecrétaire académique. « Ces décisions sont scandaleuses à deux titres : elles rompent la continuité du service public d’éducation pour les élèves et placent des collègues dans d’insupportables situations de précarité », fustige également Rindala Younes, responsable académique du Snes-FSU à Lyon.

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