Le projet de Musée-mémorial du terrorisme abandonné par l’Etat

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Jacques Chirac, alors maire de Paris, sur les lieux de l'attentat de la rue Copernic, à Paris, le 6 octobre 1980.

Avec la Cité internationale de la langue française, qui a ouvert ses portes le 1er novembre 2023, à Villers-Cotterêts (Aisne), ce devait être l’autre grand projet muséal de la présidence d’Emmanuel Macron. Las, le Musée-mémorial du terrorisme, qui devait être inauguré en mars 2027 à Suresnes (Hauts-de-Seine), ne verra pas le jour.

La nouvelle a été officialisée par un communiqué, le 10 novembre, de la Mission de préfiguration du Musée-mémorial du terrorisme : « Cette décision a été prise unilatéralement, sans aucune consultation des responsables du projet, sans rien connaître de son avancement et sans avertir les associations de victimes du terrorisme, impliquées depuis plusieurs années dans la création de ce lieu de mémoire et d’histoire », cingle le texte.

« On ne peut pas dire que c’était une surprise totale, explique l’historien Henry Rousso, président de la mission de préfiguration. Le chantier, qui devait démarrer en mai 2024, était complètement à l’arrêt faute de versement de leur quote-part par les ministères concernés. Nous avons écrit au président de la République, fin juin, puis à nouveau, en juillet. Nos courriers sont restés sans réponse. » Matignon aussi a fait la sourde oreille. Jusqu’à la convocation, vendredi 6 décembre, de Henry Rousso et d’Elisabeth Pelsez, magistrate et directrice générale de la mission de préfiguration, par les services du premier ministre.

« Décision politique »

Ils apprennent alors que le sort du Musée-mémorial a été scellé, lors d’une réunion interministérielle à laquelle les principaux intéressés n’étaient pas conviés. Motif invoqué : le coût du projet – 95 millions d’euros sur huit ans, répartis entre les ministères de la justice, de l’intérieur, des armées et de la culture – en période de restriction budgétaire.

M. Rousso et Mme Pelsez contestent « non seulement la décision elle-même mais aussi la manière ». L’argument budgétaire ne convainc pas le président et la directrice générale, qui voient dans le silence de l’Etat, à tous les niveaux depuis plusieurs mois, le signe d’un revirement non assumé. « Nous avions déjà rencontré des difficultés de financement, explique Elisabeth Pelsez. A chaque fois, elles avaient été levées par une intervention présidentielle. »

Le Musée-mémorial procède d’ailleurs à l’origine d’une volonté personnelle d’Emmanuel Macron en 2018, qui prenait soin, chaque 11 mars, pour la journée internationale en faveur des victimes du terrorisme, de rappeler l’échéance de 2027 pour l’ouverture du Musée-mémorial. Contacté, le conseiller mémoire d’Emmanuel Macron, Bruno Roger-Petit, n’a pas répondu au Monde.

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