un rapport parlementaire questionne la prise en charge des urgences

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Un patient, au centre psychiatrique du bois de Bondy, à Bondy (Seine-Saint-Denis), le 7 mai 2020.

Si la crise du secteur de la psychiatrie, où les « bras » et les « lits » manquent depuis des années, a largement été documentée ces dernières décennies, l’enjeu de la prise en charge de l’« urgence psychiatrique » l’est moins. Et quand il l’est, cela se limite souvent au recensement des « patients psy » qui, en situation de crise aiguë, viennent engorger un peu plus des services d’urgences débordés. En consacrant un rapport au sujet, les députées Sandrine Rousseau (Les Ecologistes, Paris) et Nicole Dubré-Chirat (Renaissance, Maine-et-Loire) ont voulu aller au-delà. Au terme de 10 déplacements et de 36 auditions menées durant l’année 2024, elles ont rendu public leurs travaux, mercredi 11 décembre à l’Assemblée nationale, devant la commission des affaires sociales.

A la kyrielle de chiffres déjà connus sur la dégradation de la santé mentale de la population, depuis la crise du Covid-19, elles en ajoutent de nouveaux. Ainsi apprend-on que 566 000 passages aux urgences pour motif psychiatrique ont été recensés en 2023, soit une hausse de 21 % par rapport à 2019. La tendance est, sans surprise, portée par un « taux de recours particulièrement notable pour les adolescents et les jeunes adultes ». Si ces patients psy représentent moins de 3 % des passages aux urgences, les consultations pour ce motif ont augmenté deux fois plus que l’activité globale des urgences sur la période. « L’activité de psychiatrie d’urgence est en forte croissance, plus encore que celle des urgences générales pour d’autres motifs », soulignent ainsi les députées.

Et pourtant, passé le sas des urgences, le système de soins psychiatriques ne suit pas : la part des nouveaux patients pris en charge dans les structures publiques et privées confondues a baissé de 8 % entre 2019 et 2023, selon les chiffres de l’Agence technique de l’information sur l’hospitalisation. Les services d’urgences déjà sous tension sont devenus le « point d’entrée » d’un certain nombre de patients. « Par défaut » : ces services conçus pour répondre à des pathologies somatiques ne sont « pas toujours équipés pour répondre aux crises psychiques », relèvent les rapporteuses.

Le rôle du secteur hospitalier privé est interrogé, en premier lieu sa moindre participation à l’activité de « permanence des soins » (le soir, la nuit, le week-end) jugée « injustifiable ». Entre autres préconisations, les députées appellent à « garantir un quota de lits » dans les établissements privés afin de « fluidifier la filière d’aval des urgences et d’éviter une concentration excessive des prises en charge dans le public ».

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