le décollage des Mirage, première étape du départ de l’armée française

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Un mirage 2000 de l’armée de l’air française sur une base aérienne à N’Djamena, le 22 décembre 2018.

Dans leur vacarme habituel, deux Mirage de l’armée française et un appareil de ravitaillement ont décollé mardi 10 décembre vers 13 heures de la base aérienne Adji Kosseï de N’Djamena, donnant ainsi le coup d’envoi au retrait des forces françaises stationnées au Tchad. Ce départ fait suite à la décision tchadienne de rompre les accords de coopération militaire avec la France, jugés « obsolètes » et « surannés » par le président, Mahamat Idriss Déby.

« Prenant acte de cette décision et dans la continuité de l’évolution de leur présence militaire en Afrique, les armées françaises retirent ce jour la capacité chasse présente à N’Djamena », détaille sobrement l’état-major alors que la France subit un nouveau revers africain après que ses soldats ont été successivement chassés du Mali, du Burkina Faso et du Niger ces trois dernières années. Le départ du Tchad porte une dimension supplémentaire alors qu’Idriss Déby, père de l’actuel chef de l’Etat, fut de sa conquête du pouvoir en 1990 à sa mort en avril 2021 dans des combats contre un groupe rebelle, un indéfectible allié de la France.

Plusieurs officiers et officiels tchadiens, dont le chef d’état-major général des armées et le ministre de la sécurité publique, ont assisté au décollage des avions tandis que la France était représentée par son ambassadeur et de l’attaché de défense. Les journalistes de la presse internationale, dont celui du Monde, n’ont pas été autorisés à accéder à la base française pour couvrir l’événement.

Echange « glacial »

Le troisième et dernier Mirage stationné au Tchad n’a pas pu décoller en raison d’un problème de moteur mais partira « dans les quarante-huit heures » selon une source tchadienne qui précise que ces appareils – qui ont besoin de voler régulièrement – étaient cloués au sol depuis le 28 novembre et l’inattendue publication nocturne du communiqué gouvernemental annonçant la rupture des accords. La visite du chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, venait alors de s’achever, selon plusieurs sources, par un échange « glacial » avec le président Déby.

Seraient en cause, côté tchadien : l’absence de soutien français lors de l’opération Haskanite, lancée fin octobre contre Boko Haram, des accusations d’ingérence dans la guerre au Soudan voisin au profit des paramilitaires des Forces de soutien rapide ou encore des remarques sur la préparation des élections législatives fixées au 29 décembre. Dans son communiqué, N’Djamena laisse toutefois la porte ouverte à un « dialogue constructif, afin de préserver les relations bilatérales entre le Tchad et la France dans d’autres domaines stratégiques et d’intérêt commun ».

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