Hugues M., Thierry Pa. et Joan K. ne sont ni plus, ni moins défendables, que leurs quarante-huit coaccusés du procès des viols de Mazan. Dix ans de réclusion criminelle ont été requis contre le premier, douze contre le second, quinze contre le troisième, benjamin du dossier, aujourd’hui âgé de 27 ans. Mais à la différence de bon nombre de ceux dont les avocats ont déjà plaidé, ces trois-là ont été vraiment défendus.
La robe de Me Margot Cecchi était « neuve » quand elle a été chargée de la défense d’Hugues M. Celle de Me Gaëlle Mathys avait à peine servi, lorsqu’elle a été commise d’office aux côtés de Joan K. Quant à Me Gaële Guenoun, plus expérimentée que ses deux consœurs, elle a dû enfiler la sienne au pied levé pour succéder à son père décédé, en défense des intérêts de Thierry Pa. Mardi 10 décembre, ces trois avocates ont forcé l’écoute.
Il y a eu d’abord la colère froide, contenue, de Me Cecchi, conjurant les juges de « refuser de transformer un tribunal en tribune d’une cause, celle des femmes » et les exhortant à faire preuve de « courage judiciaire ». « Ce n’est pas par des sanctions terribles qu’on va guérir les maux de notre société », a-t-elle observé, en s’élevant contre la « systématisation à outrance » de l’accusation, qui n’a consacré que huit à dix minutes à chaque accusé (hors Dominique Pelicot) avant de requérir contre eux des peines de 10 à 18 ans.
Avec la même exigence, elle a dénoncé le crédit trop confortablement accordé, selon elle, par les deux représentants de l’accusation aux affirmations de Dominique Pelicot – « tous savaient » – et leur a opposé ses déclarations évolutives et contradictoires, puisées tant dans le dossier d’instruction que dans ses propos à l’audience. « Il n’y a pas qu’une vérité dans ce dossier et s’il y en a une, ce n’est certainement pas Dominique Pelicot qui la détient », a souligné Me Cecchi.
« Un violeur, non. Un crétin, oui »
« L’évaluation des peines est-elle due à la médiatisation du dossier ? », s’est interrogée en écho Me Mathys. De sa mémoire récente des cours de droit, elle a exhumé cette règle : « L’intention est décrite comme la conscience éclairée et la volonté libre de transgresser les prescriptions de la loi pénale ». A son jeune client, Joan K., « on peut reprocher de ne pas avoir su, de ne pas avoir vu, a-t-elle dit. Est-ce que ça fait de lui un violeur ? Non. Est-ce que ça fait de lui un crétin ? Oui. »
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