Le 20 janvier 2025, lorsque le président américain élu, Donald Trump, prendra ses fonctions à la Maison Blanche, il aura sur son bureau un dossier brûlant depuis la veille : TikTok. C’est en effet le 19 janvier qu’entre en vigueur la loi enjoignant de bannir l’application d’origine chinoise si elle n’a pas été entretemps cédée à des intérêts non chinois. M. Trump devra choisir s’il tente ou non de sauver l’application très populaire utilisée par 170 millions d’Américains.
La firme ByteDance, qui possède TikTok, espérait obtenir un sursis, invoquant le premier amendement de la Constitution américaine qui protège la liberté d’expression, mais elle a subi une sévère déconvenue, vendredi 6 décembre. Une cour d’appel fédérale de Washington a rejeté à l’unanimité de ses trois juges son recours pour faire annuler la loi.
« Le premier amendement existe pour protéger la liberté d’expression aux Etats-Unis. Ici, le gouvernement a agi uniquement pour protéger cette liberté contre une nation adverse étrangère et pour limiter la capacité de cet adversaire à recueillir des données sur les personnes aux Etats-Unis », a écrit le rédacteur du jugement, Douglas Ginsburg, en conclusion de sa décision longue de 92 pages.
Le président américain sortant, Joe Biden, avait signé en avril cette loi votée dans le cadre d’un accord bipartisan entre démocrates et républicains. Les législateurs ont reçu des informations confidentielles de la communauté du renseignement sur la menace que l’application pourrait représenter pour la sécurité nationale, y compris la capacité de la Chine à utiliser TikTok pour surveiller les Américains et diffuser de la propagande chinoise. La réalité de ces menaces et de ces risques n’a jamais été présentée au public.
« Exploiter des données sensibles »
Mais les juges, dans leur longue décision, reprennent cette argumentation : « La République populaire de Chine pourrait ordonner à la plateforme TikTok de manipuler secrètement le contenu transmis aux utilisateurs américains », mais aussi « exploiter des données sensibles sur des Américains pour porter atteinte à leurs intérêts, notamment en recrutant des agents, en identifiant les Américains impliqués dans les services de renseignement et en faisant pression sur nos citoyens pour qu’ils aident la Chine. » Ils notent qu’il s’agit d’un débat entamé dès le mandat de Donald Trump (2017-2021) : « Deux présidents consécutifs ont identifié TikTok comme une vulnérabilité importante. Même après de longues négociations, TikTok n’a pas pu répondre de manière satisfaisante aux préoccupations du gouvernement. »
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