Israël face au « chaos potentiel » chez son voisin

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Des chars de l’armée israélienne prennent position près du village druze de Majdal Shams, à proximité de la zone tampon qui sépare le plateau du Golan annexé par Israël du reste de la Syrie, le 9 décembre 2024.

Pas plus que dans le reste du monde, l’avancée fulgurante des rebelles syriens jusqu’à Damas, prise dimanche 8 décembre, n’avait été anticipée, ou même envisagée sérieusement par l’armée ou les services de renseignement israéliens. Alors qu’au cours du week-end, la coalition des groupes armés anti-Bachar progressait dans une ultime accélération vers la capitale syrienne, plusieurs types d’actions ont été lancés par Israël, dont les conséquences, encore difficiles à mesurer, augurent de relations potentiellement tendues avec le futur pouvoir à Damas.

Dès samedi, à la suite d’un incident au cours duquel un village druze situé dans la zone tampon, maintenue entre Israël et la Syrie depuis 1974, a subi des tirs, tandis que la ville syrienne de Kuneitra, toute proche, était prise par les rebelles de Hayat Tahrir Al-Cham (HTC), des troupes israéliennes sont entrées dans cette région, où est déployée la Force des nations unies chargée d’observer le désengagement (FNUOD) et composée d’un millier de casques bleus. La « zone de séparation » démilitarisée, mise en place en 1974, est située en territoire syrien. C’est la première fois en cinquante ans que des chars israéliens sont présents dans cette zone démilitarisée placée sous surveillance internationale, et que l’Etat hébreu y exerce un contrôle unilatéral.

Dimanche, le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, s’est efforcé de donner une dimension solennelle à cette action inédite. « C’est un jour historique dans l’histoire du Moyen-Orient », a-t-il déclaré depuis le plateau du Golan, territoire conquis par Israël lors de la guerre de 1967 et annexé, sans être reconnu internationalement, en 1981. Il s’est aussi attribué une partie du mérite du changement politique à Damas, en affirmant qu’il s’agissait d’« une conséquence directe des coups que nous avons portés à l’Iran et au Hezbollah, les principaux soutiens du régime d’Assad », lesquels ont « déclenché une réaction en chaîne à travers le Moyen-Orient parmi ceux qui souhaitaient se libérer de ce régime d’oppression et de tyrannie ».

« Protéger la frontière »

Le premier ministre ne s’est pas seulement félicité de la chute du régime de Bachar Al-Assad. Il a aussi déclaré que l’accord qui présidait depuis 1974 au « désengagement » des deux parties (Israël et Syrie), s’était « effondré » dès lors que les soldats syriens avaient « fui leurs positions » de leur côté de la zone tampon, samedi, ouvrant la voie, selon lui, à une présence israélienne. Les autorités israéliennes ont prévenu l’administration américaine de ce mouvement, et assuré qu’il était temporaire, destiné, selon Benyamin Nétanyahou, à « protéger la frontière ».

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