à la banque alimentaire de la Sarthe, c’est atelier confiture

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A la banque alimentaire de la Sarthe, au Mans, on dénoyaute, on épépine, on épluche à tour de bras. Un atelier confitures a été créé, en juin, au sein même de l’association, conformément à sa vocation : distribuer des denrées à ceux qui n’ont pas les moyens de se nourrir correctement, par le biais de structures partenaires (épiceries solidaires, centres d’action sociale…). L’initiative se démarque du schéma traditionnel consistant à collecter des aliments non périssables – ultratransformés souvent – auprès des grandes surfaces et autres grossistes de l’industrie agroalimentaire. Pourquoi les plus démunis n’auraient-ils pas droit à du fait maison ?

Deux fois par semaine, six bénévoles se relaient dans le petit laboratoire spécialement aménagé autour d’une « sauteuse basculante cylindrique », une marmite professionnelle pouvant cuire jusqu’à 30 kg de fruits. Environ 1 500 pots sont produits chaque mois au gré des arrivages. L’été a été propice à l’élaboration de confitures de pêches, de cerises, d’abricots et de fraises. Congelés, les surplus seront cuits et assemblés avec du sucre tout au long de l’année. Ce matin-là, la petite équipe s’active à la préparation d’une marmelade mêlant pommes et clémentines : les premières ont été données par un groupement de producteurs du sud du département, les secondes par une plateforme de supermarché. Un doux fumet sirupeux s’évapore de l’autoclave en Inox.

Politique antigaspi

La démarche est multiple pour la banque alimentaire de la Sarthe. « Elle coïncide avec notre politique antigaspi, explique sa déléguée générale, Lucie Rioul Robert. Nous avons nous-même du rebut en interne, entre les fruits trop abîmés que nous ne pouvons pas distribuer et ceux qui arrivent en trop grande quantité. Autant les valoriser. » Le but s’avère aussi sanitaire. « Ce projet est une réponse à la précarité alimentaire qui touche nos bénéficiaires en les exposant au diabète, à l’obésité et aux maladies cardio-vasculaires », souligne Jean-Paul Bernadat, le président de l’association. Avant les fruits, celle-ci s’était lancée dans la mise sous vide de légumes prédécoupés et de sachets de soupe prêts à l’emploi – « des produits très appréciés des mamans solo qui n’ont pas le temps de faire à manger en rentrant tard du travail, et des personnes âgées qui ne peuvent plus cuisiner en raison d’arthrose dans leurs mains », poursuit M. Bernadat.

Mitonner des potages et des confitures fait d’autant plus sens que la donne de l’aide alimentaire a changé depuis la crise sanitaire. Entre 2020 et 2023, le nombre de bénéficiaires est passé de 13 300 à 18 000 dans la Sarthe. Dans le même temps, les approvisionnements annuels en denrées ont chuté de 1 083 tonnes à 850 tonnes pour la seule section locale de la banque alimentaire, conséquence de la stratégie commerciale des grandes enseignes de proposer des paniers antigaspi en rayons. « Se désoler de la situation ne sert à rien. Il faut chercher des solutions innovantes, et montrer que nous ne nous contentons pas de collecter des conserves à l’entrée des magasins, revêtus de gilets orange », plaide Lucie Rioul Robert.

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