« Pour Donald Trump, la sécurité des Européens ne relève pas de l’engagement politique ou moral, mais du service rendu méritant rétribution »

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La photo prise à Palm Beach, en Floride, le 22 novembre, est rassurante. Tout bronzé et tout sourire dans son costume bleu pétant, Donald Trump serre la main de Mark Rutte, le nouveau secrétaire général de l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN), tout aussi souriant.

Les deux hommes ont parlé de « sécurité globale », peut-être moins des sujets qui fâchent. Et en particulier du principal : la menace, lancée par le président élu des Etats-Unis durant sa campagne, de ne plus voler au secours des membres du club atlantique ne payant pas assez pour leur sécurité – même en cas d’agression russe !

Les pays européens s’étaient réveillés après l’invasion de l’Ukraine avec le sentiment d’avoir été eux aussi atteints dans leur intégrité territoriale et leurs valeurs ; ils ont gonflé le budget de leurs forces armées pour répondre aux ambitions impériales russes. L’élection de Donald Trump sonne aujourd’hui comme un second « wake up call » ; des discussions vont bon train au sein de l’Union européenne (UE), selon l’édition du Financial Times du vendredi 6 décembre, pour créer un fonds doté d’au moins 500 milliards d’euros pour financer achats d’armes et projets communs, un effort sans commune mesure avec les 8 milliards d’euros du fonds de défense prévus sur la période 2021-2027.

Ce véhicule financier, ouvert à des pays non membre de l’UE comme le Royaume-Uni ou la Norvège, serait alimenté par des emprunts garantis par chaque Etat volontaire, et non par des « eurobonds » qui financent le plan de relance NextGeneration EU décidé après la pandémie de Covid-19. Plus intergouvernemental que communautaire, il représente un « big bang » historique, applaudit le Lituanien Andrius Kubilius, tout juste entré dans ses habits de commissaire à la défense, un poste nouveau de l’exécutif bruxellois.

Des industriels américains sans égaux

Que le projet aboutisse ou non, une question demeure : qui tirera profit d’une perte des garanties de sécurité de l’Alliance atlantique en cas de repli des Etats-Unis ? Les industriels européens ou les géants américains, déjà bénéficiaires des retombées de la guerre russo-ukrainienne ? Sourire d’un haut responsable français de l’armement. « Il n’y aura aucun impact positif pour les entreprises européennes », tranche-t-il, persuadé que Donald Trump marchandera avec chaque Etat une promesse de protection contre l’achat d’armes « made in USA ». « Et les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent », ironise-t-il.

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