A peine la parenthèse de la COP29 s’est-elle refermée à Bakou que la répression reprend contre les voix critiques. Roufat Safarov, l’un des tout derniers défenseurs des droits humains azerbaïdjanais encore en activité dans le pays, a été incarcéré mercredi 4 décembre. Un tribunal de Bakou l’a placé pour quatre mois en détention préventive pour « hooliganisme », et « fraude ». M. Safarov avait été arrêté mardi, alors qu’il s’apprêtait à partir pour les Etats-Unis. Son avocat, Elchin Sadigov, a publié sur sa page Facebook un message de son client, où celui-ci écrit son intention de voyager aux Etats-Unis deux jours après avoir reçu son visa, afin de recevoir le Global Human Rights Defender Award (« prix mondial du défenseur des droits humains ») des mains du secrétaire d’Etat américain Antony Blinken. L’information est confirmée par le père du militant, Eldar Sabiroglu, qui souligne que son fils a été arrêté juste après s’être vu délivrer un visa par l’ambassade américaine.
De nombreux défenseurs des droits humains, journalistes et syndicalistes croupissent déjà dans les prisons azerbaïdjanaises pour des motifs variés. Pour la première fois depuis le début des années 2000, le nombre de prisonniers politiques a dépassé les 300, selon l’Union pour la liberté des prisonniers politiques en Azerbaïdjan.
Mais le moment choisi par Bakou pour arrêter Roufat Safarov ressemble à un geste d’adieu bilieux envoyé à l’administration Biden sur le départ. Le chef d’Etat azerbaïdjanais, Ilham Aliev, installé au pouvoir par son père en 2003, avait déclaré durant l’été son désir de voir revenir Donald Trump à la présidence, louant en lui « un partisan de la paix », « favorable aux valeurs traditionnelles », avec lequel son pays avait eu « une coopération fructueuse basée sur le respect mutuel ». Une critique en creux de l’administration Biden, pour laquelle M. Aliev n’a guère eu de mots flatteurs.
« Accusations fabriquées »
La réaction américaine a été immédiate. « Le combat [de M. Safarov] pour la justice traverse les murs de prison. Il doit être libéré immédiatement », indique la commission des affaires étrangères du Sénat sur son compte X. « Le régime azerbaïdjanais l’a emprisonné sur la base d’accusations fabriquées », estime le sénateur Ben Cardin, président de la commission. Plus mesuré, le porte-parole du département d’Etat, Vedant Patel, a dit que « les Etats-Unis suivent de près le cas de Safarov ».
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