« Le fonctionnement des centres de rétention administrative doit respecter les valeurs de notre République »

2040


Dans un pays qui se veut le phare des droits de l’homme, les centres de rétention administrative (CRA) sont devenus des lieux de souffrance et d’indifférence, où des milliers d’hommes et de femmes sont enfermés dans des conditions inhumaines.

Ces lieux, censés être des lieux de passage temporaire pour les personnes faisant l’objet d’une décision administrative d’éloignement, se transforment en prisons de désespoir, où la dignité humaine est quotidiennement piétinée. Nous assistons là à une dérive dangereuse, et la mort récente d’un jeune homme au CRA du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) n’est que la partie émergée de l’iceberg.

Les conditions sanitaires y sont alarmantes. Le nombre de personnes vulnérables souffrant de pathologies lourdes ou d’addictions, et dont l’état de santé est pourtant jugé incompatible avec l’enfermement par le corps médical, ne cesse de croître. Le manque criant de personnel soignant, notamment de psychologues et de psychiatres, transforme ces lieux en foyers de souffrance et de violence. Le CRA du Mesnil-Amelot, que Bruno Retailleau a récemment inspecté, est devenu un symbole des abus qui se multiplient sous nos yeux : enfermement prolongé dans des conditions dégradantes et absence totale d’accompagnement médical adéquat.

Proposition inhumaine

La proposition du ministre de l’intérieur d’allonger la durée de rétention à 210 jours est non seulement inhumaine, mais elle aggraverait considérablement la situation sanitaire déjà déplorable dans les CRA. Avant d’envisager toute augmentation de la durée de rétention, mesure qui ne garantirait en rien l’effectivité des expulsions, il est impératif d’améliorer drastiquement les conditions de vie des personnes retenues. La santé est un droit fondamental qui ne saurait être bafoué, même en situation de rétention. Prolonger la durée d’enfermement dans l’état actuel des CRA ne ferait qu’exacerber la souffrance et l’inhumanité de ces lieux.

Conçus pour des séjours courts, ces lieux de privation de liberté se sont aussi transformés en zones de non-droit où les garanties de la défense sont bafouées et la santé des retenus négligée. Le juge y est peu présent, et les garanties de la défense mises au second plan. Plus préoccupant encore, on constate un détournement de leur fonction initiale à des fins purement sécuritaires : la notion floue de « menace pour l’ordre public » est en effet de plus en plus invoquée pour justifier des enfermements, parfois sur de simples suspicions, et sans condamnation préalable.

Il vous reste 39.84% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.



Source link