Et soudain le doute s’est installé dans la salle d’audience du tribunal correctionnel de Paris. Au 7e jour d’audience du procès Pogba, jeudi 5 décembre, l’implacable réquisitoire du parquet, la veille, contre le frère du footballeur et cinq ex-amis d’enfance, qui comparaissent pour extorsion, tentative d’extorsion, enlèvement et séquestration, et association de malfaiteurs, a semblé fragilisé.
Mercredi, les deux procureures avaient réclamé de lourdes peines d’emprisonnement contre les prévenus. Les avocats de la défense sont venus, tour à tour, réclamer pour leurs clients la relaxe, avec quelques lignes communes de plaidoirie : l’instruction a voulu trouver des coupables et n’a pas vu qu’il y avait deux récits possibles à cette soirée du 19 mars 2022 où Paul Pogba s’est fait braquer.
« Il y avait deux salles, deux ambiances le soir du 19 mars, a martelé Saïd Harir, conseil de Boubacar C. D’un côté, des amis d’enfance qui ont envie d’avoir une part de gâteau en participant à la carrière du footballeur, et de l’autre, des gens mal intentionnés qui veulent lui extorquer de l’argent ».
Pour preuve, selon l’avocat, les messages échangés avec Paul Pogba, qui révèlent que les sommes reçues sont régulières et consenties, avant leur arrêt en 2021. Chacun des prévenus reconnaît qu’il « [veut sa] part de gâteau », mais cette motivation ne les amène pas à monter une opération violente.
« Ce sont des gars qui sont des crapules après que leur amitié a été flinguée », appuie Yves Leberquier, qui défend Machikour K. Des traîtres peut être, mais pas des bandits, contrairement aux deux hommes armés, qui ont fait irruption dans l’appartement loué à Montévrain (Seine-et-Marne) ajoute-t-il.
Le fantôme des deux braqueurs cagoulés
L’avocat, comme les deux défenseurs de Mamadou M. plus tard, a insisté sur le décalage entre les faits reprochés et la personnalité des amis d’enfance du footballeur, très éloignée des agissements de membres du grand banditisme, qui savent par exemple comment se dissimuler.
Ces jeunes de la cité de la Renardière, à Roissy-en-Brie (Seine-et-Marne), gardent leur téléphone tout le temps, échangent sans précaution avec leur portable. Et, surtout, ils les remettent aux policiers lors de leur interpellation. Tout cela pour une raison : même s’ils voulaient « s’expliquer » avec leur ami star, leur réunion devait rester amicale.
La défense va répéter ces mêmes arguments pour montrer qu’ils ne sont pas dans le complot, ne sont pas tenus au courant durant des mois de ce qu’il s’est passé lors du braquage puisqu’ils étaient sortis à la demande de Roushdhane K., le « grand frère » au casier judiciaire déjà bien rempli. Circonstance qui n’aurait pas été suffisamment étudiée dans le dossier d’accusation.
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