« Le mandat de maire se situe dans le registre du dévouement et du don de soi »

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A un peu plus d’un an des élections municipales, qui devraient se tenir en mars 2026, les alertes se multiplient sur une possible pénurie de candidatures. Et les statistiques de démissions des maires alimentent la crainte d’une crise des vocations. L’argument a la force de l’évidence. Pourtant il évite d’interroger les conséquences de l’exercice du mandat pour les maires eux-mêmes. Or leurs conditions de travail impliquent nombre de sacrifices dans leurs vies personnelle, familiale, professionnelle.

Ces effets du mandat sont généralement vus comme un prix nécessaire, étalonnant la valeur d’un engagement sans limite frisant le don de soi. L’adhésion à ce référentiel de la vocation se craquelle chez certains maires qui veulent préserver leurs autres sphères de vie. Moins qu’une crise des vocations, on relève une évolution du sens de la vocation de maire.

Selon le ministère de l’intérieur, le nombre annuel moyen de maires démissionnaires croît : il se situe actuellement entre 450 et 500, contre 300 à 350 lors du mandat précédent, et 150 environ pour le mandat 2008-2014. Mais, la proportion de démissionnaires reste marginale, voisine de 1,3 %. Surtout, toutes les cessations de mandat ne sont pas des démissions au sens d’un départ volontaire, certaines étant causées par des décès ou des maladies. Or les informations sur les motifs des démissions sont insuffisantes pour pouvoir isoler les départs contraints ou involontaires.

Pourtant, les démissions concernent pour moitié environ les communes de moins de 500 habitants, là où les maires sont plus âgés, donc plus exposés au risque de maladie ou de décès. De plus, la progression des démissions est parallèle au mouvement de vieillissement des maires : 55 % d’entre eux ayant 60 ans ou plus en 2020, contre 50 % en 2014, selon l’Association des maires de France.

Enfin, l’étude qualitative d’Anne-Cécile Douillet et Aurore Granero sur les maires démissionnaires montre que les raisons invoquées ont peu à voir avec une crise des vocations, les plus fréquentes étant les dissensions au sein de l’équipe municipale, la préparation de leur succession ou leurs difficultés à concilier l’exercice de leur mandat et leurs engagements professionnels ou familiaux.

Multiples sources de pénibilité

Notre enquête statistique sur les conditions de travail des maires montre que les expériences de ces élus sont composites, en tension. D’un côté, ils y trouvent de nombreux motifs de satisfaction qui soutiennent leurs engagements. Ainsi, ils expriment de façon unanime le sentiment de faire quelque chose d’utile pour les autres, de faire ou d’apprendre des choses nouvelles, d’éprouver de la fierté pour le travail réalisé. En contrepoint, ils mentionnent aussi de multiples sources de pénibilité.

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