Le procureur de la CPI demande l’émission d’un mandat d’arrêt contre le chef de la junte birmane

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Le procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a déposé, mercredi 27 novembre, une demande de mandat d’arrêt contre Min Aung Hlaing, chef de la junte en Birmanie, pour crimes contre l’humanité aux dépens de la minorité rohingya.

Le procureur Karim Khan déclare, dans un communiqué, avoir des « motifs raisonnables » de croire que le général Min Aung Hlaing, dirigeant de facto de la Birmanie, pourrait être pénalement responsable des « crimes contre l’humanité de déportation et de persécution commis à l’encontre des Rohingya » en Birmanie et au Bangladesh.

Le bureau du procureur de la CPI, qui siège à La Haye (Pays-Bas), dit enquêter depuis 2019 sur des crimes qui auraient été commis dans l’Etat de Rakhine, en Birmanie, « lors de deux vagues de violence survenues en 2016 et 2017 et durant l’exode des Rohingya » de la Birmanie au Bangladesh.

Les Rohingya, majoritairement musulmans, sont persécutés en Birmanie, pays à dominante bouddhiste qui les soumet à un régime assimilé à l’apartheid, selon l’ONG Amnesty International. Plusieurs centaines de milliers d’entre eux ont quitté l’Etat de Rakhine en 2017 pour échapper aux persécutions à grande échelle de l’armée, objet d’une enquête des Nations unies pour génocide.

« Ce ne sera pas la dernière »

Environ un million de Rohingya vivent aujourd’hui dans des camps tentaculaires près de Cox’s Bazar, ville bangladaise proche de la frontière. Beaucoup de ceux qui sont partis accusent l’armée birmane de massacres et de viols.

Le procureur de la CPI précise qu’il s’agit de la première requête de ce type à l’endroit d’un membre du gouvernement birman et ajoute que « ce ne sera pas la dernière ». La junte dit quant à elle dans un communiqué que « les déclarations de la CPI n’ont jamais été reconnues ». La Birmanie n’est pas signataire du statut de Rome, fondateur de la Cour.

Largement considérés comme des intrus venus du Bangladesh, les Rohingya restés en Birmanie se voient notamment refuser la citoyenneté et l’accès aux soins de santé, et doivent obtenir une autorisation pour voyager en dehors de leur commune.

« Un mandat d’arrêt, c’est une bonne nouvelle pour nous. [Le chef de la junte] est le principal ordonnateur du génocide de 2017 », souligne Maung Sayodullah, à la tête d’une ONG de défense des droits humains installée à Cox’s Bazar.

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Les juges de la CPI doivent désormais décider d’émettre ou non les mandats d’arrêt. S’ils le font, les 124 pays membres de la CPI seront théoriquement contraints d’arrêter le chef de la junte s’il se rend sur leur territoire. La Chine, l’un des principaux alliés et fournisseurs d’armes de la junte birmane, n’est pas membre de la CPI.

Le Monde avec AFP

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