Les écogestes à l’épreuve du découragement

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La récente victoire de Donald Trump lors de l’élection présidentielle américaine, lui qui a réaffirmé un retour aux énergies fossiles et un rejet des accords multilatéraux, peut rendre dérisoires des pratiques quotidiennes destinées à protéger l’environnement : tri des déchets, compostage, achat en vrac, évitement de l’avion, pratiques systématiques de réusage, renoncement à consommer de la viande… A quoi bon persévérer dans ces écogestes si la première puissance mondiale se détourne crânement de ses obligations climatiques – et que la septième, la France, ne s’y engage pas résolument ?

Cette question semble particulièrement épineuse pour ceux et celles qui s’engagent pour le climat, qu’on suppose à la fois sensibles à la question et à sa dépendance aux politiques publiques nationales et internationales. Une récente étude sociologique menée par Giuseppe Cugnata, Maxime Gaborit et Yann Le Lann et publiée dans la revue Sociétés contemporaines s’est intéressée à la pratique et à la persistance des écogestes parmi les participantes et les participants aux marches pour le climat.

L’enquête s’appuie sur un questionnaire rempli par près de 400 manifestants et 36 entretiens menés en complément. Elle révèle, d’abord, que les marcheurs pour le climat sont des adeptes fréquents d’écogestes, même s’ils sont appliqués de façon inégale selon les écogestes concernés et les propriétés sociales des marcheurs. Plus de 80 % des répondants modifient leur régime alimentaire, 79 % choisissent régulièrement d’acheter des biens d’occasion, et 54 % affirment avoir déjà renoncé à prendre l’avion pour des raisons écologiques.

Choix vertueux individuels

Si l’engagement quotidien se traduit par des actes peu contraignants (tri des déchets, achat de fruits de saison…), il est souvent analysé comme assez transversal à l’échiquier politique droite-gauche. Un engagement plus intensif, cumulant une majorité des écogestes recensés dans l’enquête, s’ancre, en revanche, résolument à la gauche de la gauche. De plus, l’adoption extensive de ces habitudes est massivement féminine – ce qui ne doit pas surprendre au vu de leur dimension domestique – mais aussi populaire, ce qui montre que les écogestes ne sont pas l’apanage des milieux favorisés.

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Les auteurs soulignent un paradoxe intéressant : l’adoption des écogestes est d’autant plus extensive que la croyance dans leur efficacité est faible et que le soutien à des actions collectives protestataires est important. Comment analyser alors la conciliation entre un engagement destiné à obtenir des décisions politiques pour résoudre la crise climatique et des gestes du quotidien, éminemment individuels et limités ? Deux modalités se dégagent.

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