Trente-cinq ans après la chute du Mur, le Berliner FC Dynamo traîne toujours son passé comme un boulet

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Le capitaine du Berliner FC Dynamo, Frank Rohde, (le deuxième à partir de la gauche) reçoit la coupe de football de la République démocratique allemande, le 4 juin 1988.

Ses rangées de gradins multicolores doivent laisser place à un complexe sportif flambant neuf, dans le quartier de Prenzlauer Berg, à Berlin, là où se tenait encore le Mur au matin du 9 novembre 1989. La démolition fraîchement entamée du Friedrich-Ludwig-Jahn-Sportpark, le stade où le Berliner FC Dynamo a conquis la plupart de ses dix titres d’affilée de champion de République démocratique allemande (RDA) entre 1979 et 1988, touche à l’âme de ce club de l’ancien Berlin-Est. Tombé en quatrième division, il n’en demeure pas moins confronté au même problème qu’il y a trente-cinq ans : son image, héritée d’une histoire trouble.

Celle-ci débute en 1954, lorsque le SV Dynamo, l’association des agences de sécurité du régime communiste est-allemand, se dote d’une section football. Autrement dit, cette dernière est intimement liée à la Stasi, la police politique de RDA. « Très vite, le club a été critiqué, car la Stasi pouvait obtenir n’importe quel joueur », explique Jutta Braun, la présidente du Centre d’histoire du sport allemand. Et ce, malgré une scission officielle avec les organes du pouvoir en 1966 pour devenir le BFC Dynamo. Un simple écran de fumée puisque le ministre de la sécurité d’Etat, Erich Mielke, est resté président d’honneur du club.

Il faut cependant attendre les années 1980 et l’outrageuse domination de la formation berlinoise pour voir les accusations de favoritisme se multiplier. En 1986, une rencontre opposant le BFC au Lokomotive Leipzig accouche d’un match nul polémique, les joueurs de la capitale bénéficiant d’un penalty jugé imaginaire en fin de partie. Cet épisode, resté dans les mémoires comme « le penalty de la honte », sera déterminant : les « Weinroten » seront titrés avec deux points d’avance sur leur adversaire.

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« Il n’y avait pas d’ordre écrit pour demander aux arbitres de siffler en faveur du club. C’était juste un environnement, un mélange de corruption et de menaces », relate Jutta Braun. En l’occurrence, la Stasi fournissait les autorisations de voyager à l’étranger pour officier lors des matchs internationaux. Suffisant pour influer sur les décisions des hommes en noir.

Quant aux soupçons de dopage, l’historienne confirme que cela a bien existé, « mais pas qu’au BFC ». Même si l’équipe s’est renommée FC Berlin de 1990 à 1999 afin de tirer un trait sur ses relations avec la police politique, les arguments utilisés pour la décrédibiliser perdurent en Allemagne. D’autant que ses supporteurs se sont souvent retrouvés au cœur de vives polémiques.

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