A Lourdes, les évêques s’interrogent sur l’accompagnement des majeurs victimes de violences sexuelles

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Ouverture de l’Assemblée plénière des évêques de France, à Lourdes (Hautes-Pyrénées), le 5 novembre 2024.

Trois ans après le rapport de la Commission indépendante sur les abus sexuels dans l’Eglise (Ciase), les victimes majeures de violences sexuelles de la part de prêtres diocésains restent les grandes oubliées des démarches de l’Eglise en France. Pour réparer ce manque, les évêques, réunis à Lourdes (Hautes-Pyrénées) du 5 au 10 novembre pour leur assemblée plénière, doivent plancher sur la question de l’accompagnement de ces personnes lors de deux sessions, jeudi 7 et vendredi 8 novembre, avant un vote et une éventuelle annonce, dimanche. « Cette question a toujours été présente et c’est un vrai défi d’être au côté des plus fragiles, a déclaré monseigneur Alexandre Joly, évêque de Troyes, lors d’une conférence de presse inaugurale, mardi. Nous travaillons pour mettre en place des dispositifs aussi bien d’accueil que de reconnaissance et de réparation, comme nous l’avons fait pour les victimes mineures de prêtres diocésains. »

Lancée en 2021 par la Conférence des évêques de France (CEF), l’instance nationale indépendante de reconnaissance et de réparation (Inirr) est limitée aux mineurs ou aux jeunes majeurs (moins de 21 ans) victimes de violences commises par des membres des diocèses. La Commission Reconnaissance et réparation, fondée la même année, s’occupe, elle, sans distinction des victimes mineures et majeures, mais seulement pour des actes commis par des membres de congrégations religieuses. « La Conférence des religieux et religieuses de France était plus porteuse sur le sujet que la CEF à ce moment-là et ne voyait pas de problème à l’accompagnement des adultes. Les évêques ont toujours été plus réticents », confie une source ayant suivi les discussions à l’époque.

Selon plusieurs personnes interrogées par Le Monde, l’accompagnement des victimes adultes, qui sont, contrairement aux mineurs, majoritairement des femmes, est plus complexe pour différents aspects. La question du consentement et de l’emprise est sujette à plus de débats que chez l’enfant, où la question ne se pose pas. Les faits sont aussi parfois plus récents et les auteurs toujours vivants, rendant potentiellement le parcours de réparation des victimes plus compliqué.

« Prendre le temps »

La CEF a tout de même fini par se saisir du sujet, début 2023, en confiant à Corinne Boilley, ancienne secrétaire générale adjointe, la responsabilité d’un groupe de travail pour réfléchir à la mise en œuvre d’un dispositif spécifique. Ce groupe, composé de victimes et d’experts pluridisciplinaires, a déjà présenté ses préconisations aux évêques lors de l’assemblée plénière de mars. Leur rapport recommande notamment « la mise en place d’une structure d’accompagnement neutre, tierce et professionnelle, érigée au niveau national et dont la finalité consistera à permettre que la justice puisse être rendue et la personne victime accompagnée, soutenue dans ces démarches complexes ». A la suite de ces conclusions, « l’assemblée a confié au conseil permanent le soin de proposer à l’assemblée plénière de novembre un dispositif ad hoc assurant [aux victimes] un chemin de reconnaissance et de restauration », avait communiqué la CEF.

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