Donald Trump, l’encombrant modèle du Rassemblement national

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Marine Le Pen n’a pas besoin d’accéder à l’Elysée pour s’arroger des « pouvoirs réservés » sur les affaires étrangères. Les cadres du Rassemblement national (RN) – Jordan Bardella mis à part – ont l’interdiction de s’exprimer sur l’élection présidentielle américaine du 5 novembre. « Rien à gagner, tout à perdre », résume Renaud Labaye, secrétaire général du groupe RN à l’Assemblée nationale, qui rappelle la consigne aux députés désireux malgré tout de s’épancher sur l’événement. Libres de leur parole, les élus d’extrême droite risqueraient d’assumer leur préférence pour Donald Trump, ce modèle politique devenu incompatible avec l’entreprise de notabilisation et d’institutionnalisation de l’ex-Front national.

La frilosité du RN met fin à des années d’un incessant et bruyant soutien au milliardaire. Sur les réseaux sociaux ou à longueur d’interventions médiatiques, ses représentants n’avaient, jusqu’à cette année, jamais manqué une occasion de se réjouir de la reconversion du magnat de l’immobilier en politique, couvrant d’éloges ses quatre années (2017-2021) à la Maison Blanche. « Les Etats-Unis réussissent parce qu’ils sont aujourd’hui fiers d’être américains. La Russie réussit dans la mondialisation parce que son peuple est fier d’être russe. Et je pense que cette fierté nationale, nous pourrions effectivement nous en inspirer plutôt que d’être dans la culpabilisation permanente de notre peuple », vantait Jordan Bardella en juin 2019.

En 2017, celui qui allait devenir président du RN analysait la victoire de Donald Trump comme la « libération [des Américains] d’un système belliqueux et corrompu ». Un succès qui, après celui du référendum sur le Brexit au Royaume-Uni en 2016, annoncerait celui de Marine Le Pen en France.

Un bilan considéré comme positif

Sitôt Donald Trump investi, Marine Le Pen avait tenté de le rencontrer à New York en janvier 2017. En vain : elle n’était pas allée plus loin que le rez-de-chaussée de la Trump Tower. Un an plus tard, la fille de Jean-Marie Le Pen invitait en grande pompe Steve Bannon, l’ancien conseiller de M. Trump, au congrès de son parti. Economie, géopolitique, santé, immigration : les soutiens de Marine Le Pen étaient dithyrambiques sur un mandat qu’ils rêvaient de dupliquer en France. Une ferveur guère affectée par les assauts du candidat Trump contre le scrutin et les institutions pour empêcher la victoire de Joe Biden en 2020.

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