« Quand je joue, je chante, je n’ai pas l’étiquette de personne autiste »

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Stanislas Carmont sur scène avec le groupe Astéréotypie au festival Rock en Seine, à Saint-Cloud le 24 août 2024.

Il est l’auteur et l’interprète de la puissante chanson Colère dans laquelle il déclame sur fond de guitare saturée tout ce qui lui tape sur les nerfs : « Ce qui me met en colère,/ C’est quand parfois on me crie dessus/ Pour des choses qui sont vraiment pas importantes (…)./ Ce qui me met en colère,/ C’est qu’il y a des gens qui disent que je suis fou. » Non, Stanislas Carmont n’est pas fou, c’est juste un artiste avec une vision du monde un peu décalée, un phrasé particulier et une voix caverneuse qui donnent parfois l’impression d’écouter un vieux monsieur octogénaire. A 26 ans, il est déjà presque une star, et l’un des chanteurs du groupe de post-punk Astéréotypie, qui réunit interprètes autistes et musiciens professionnels.

Le groupe, né en 2010 lors d’un atelier d’écriture dans un institut médico-éducatif des Hauts-de-Seine, a atteint depuis une réelle reconnaissance artistique et se produit à travers la France dans des concerts qui font toujours salle comble. Son quatrième album, attendu le 8 novembre, Patami, est dans la lignée des précédents, mêlant textes aériens ou ultratelluriques sur fond de rock et d’électro. Quelque part entre du Arno sous ecstasy et du Boby Lapointe très énervé.

Stanislas Carmont y a trouvé un moyen d’expression de sa singularité, mais ce n’est pas le seul. Originaire de Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), le jeune homme était également à l’affiche d’Un p’tit truc en plus, le film d’Artus aux 10 millions d’entrées, il appartient à la compagnie du Théâtre de Cristal, dans le Val-d’Oise, et participe aux « Rencontres du Papotin », une émission dans laquelle des journalistes atteints de troubles du spectre autistique interrogent une personnalité. On a notamment pu y voir ses talents d’imitateur de Nicolas Sarkozy devant un Emmanuel Macron hilare, invité du numéro de janvier 2023.

« Il n’y a pas de normalité »

« Quand je joue, je chante ou je suis journaliste au Papotin, je n’ai pas l’étiquette de personne autiste mais l’étiquette d’un professionnel, d’un artiste. J’aime le fait que les gens m’apprécient en tant que personne, pour ce que je suis », dit-il. Bien sûr, il a conscience de ses particularités et n’a d’ailleurs pas de problème à parler de handicap, un terme « qui [le] définit aussi », sans pour autant le résumer.

Céline Groussard et Stanislas Carmont dans le film « Un p’tit truc en plus », réalisé par Artus, sorti en salle en mai 2024.

Après quelques secondes de réflexion, il complète, philosophe : « Finalement, je me considère comme n’importe qui car n’importe qui est différent. Il n’y a pas de normalité, il n’y a pas de gens normaux, chaque personne vit avec ce qu’elle est. Ne pas accepter quelqu’un parce qu’il est différent, c’est ne pas s’accepter soi-même. Et il n’y a rien de pire que l’inacceptation de soi-même. »

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