L’armée israélienne a affirmé avoir mené des frappes « précises et ciblées » sur l’Iran dans la nuit du vendredi 25 au samedi 26 octobre, en représailles à l’attaque iranienne sur Israël le 1er octobre. Les avions militaires « ont frappé des sites de fabrication de missiles (…) que l’Iran tire sur l’Etat d’Israël depuis un an. Ces missiles étaient une menace directe et immédiate pour les citoyens d’Israël », a indiqué un communiqué. L’armée a également mené des frappes sur « des batteries de missiles sol-air et d’autres systèmes aériens qui avaient pour but de restreindre la liberté d’Israël d’opérer en Iran ».
L’Iran explique de son côté que les frappes israéliennes ont visé des bases militaires dans les provinces d’Ilam, de Khouzistan et de Téhéran, causant des « dommages limités ».
L’Iran paiera « un prix élevé » en cas de nouvelle escalade, a averti samedi, à l’issue de cette opération, l’armée israélienne. « Si le régime iranien commettait l’erreur de débuter un nouveau cycle d’escalade, nous serions obligés de répondre », a assuré son porte-parole. « Notre message est clair : tous ceux qui menacent l’Etat d’Israël et tentent de plonger la région dans une escalade plus large paieront un prix élevé », a poursuivi le contre-amiral Daniel Hagari.
De « l’autodéfense », selon la Maison Blanche
Les frappes d’Israël en Iran sont de « l’autodéfense », a affirmé la Maison Blanche. Les Etats-Unis ont été informés en avance par leur allié israélien de ces frappes mais Washington n’était pas impliqué dans cette opération, a fait savoir un responsable de la défense américaine.
Ces bombardements surviennent dans un contexte de tensions régionales exacerbées depuis un an par la guerre à Gaza entre Israël et le Hamas palestinien, et son débordement au Liban voisin, où l’armée israélienne affronte le Hezbollah. Ces deux mouvements islamistes sont des alliés de l’Iran qui les arme et les finance.
Téhéran avait lancé le 1er octobre quelque 200 missiles sur Israël, incluant pour la première fois plusieurs missiles hypersoniques. Israël avait juré de faire payer à l’Iran cette attaque. « Le régime iranien et ses alliés dans la région n’ont eu de cesse d’attaquer Israël depuis le 7-Octobre – sur sept fronts – dont des attaques depuis le sol iranien (…). L’Etat d’Israël a le droit et le devoir de répondre. Nos capacités défensives et offensives sont pleinement mobilisées », a assuré l’armée israélienne alors que des explosions retentissaient dans le ciel de Téhéran.
Les premières détonations ont retenti vers 2 h 15 locales, principalement à l’ouest de Téhéran, selon l’agence de presse officielle IRNA. Après une série de six détonations rapportées plus tôt dans la nuit par la télévision d’Etat, des détonations continues accompagnées de traînées lumineuses ont été entendues et vues depuis le centre de Téhéran par des journalistes de l’AFP. Téhéran a annoncé la suspension jusqu’à nouvel ordre de tous les vols dans son espace aérien.
Tension et détente
Les tirs de missiles iraniens du 1er octobre ont été présentés par Téhéran comme des représailles à des frappes israéliennes au Liban, qui ont coûté fin septembre la vie à un général iranien et au chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah. Ce dernier, qui avait dirigé pendant plus de trente ans le mouvement libanais, entretenait des liens étroits avec l’Iran. Les responsables iraniens ont aussi justifié cette opération comme une réponse à l’assassinat imputé à Israël, d’Ismaïl Haniyeh, alors chef du Hamas, alors qu’il était à Téhéran.
L’Iran a joué ces dernières semaines à la fois sur la tension et la détente face aux menaces de représailles israéliennes. « Nous vous frapperons à nouveau douloureusement » en cas d’attaque, avait ainsi mis en garde le général Hossein Salami, le chef des gardiens de la révolution, la puissante armée idéologique chargée de défendre le régime.
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Dans le même temps, le ministre iranien des affaires étrangères, Abbas Araghchi, s’est livré à une intense campagne diplomatique, visitant en deux semaines tous les pays du Proche-Orient à l’exception d’Israël. « Nous ne voulons pas la guerre, nous voulons la paix », a plusieurs fois insisté M. Araghchi, assurant cependant que l’Iran était « totalement prêt à faire face à une situation de guerre ».
En avril, Téhéran avait déjà tiré des missiles et des drones contre Israël, lors d’une opération sans précédent après un attentat meurtrier contre son consulat en Syrie, imputé à l’armée israélienne. Des détonations dans le centre de l’Iran avaient par la suite été rapportées, de hauts responsables américains évoquant alors dans des médias une riposte israélienne. Israël n’a pour sa part jamais revendiqué d’attaque. L’Iran avait de son côté minimisé ces détonations dont l’origine n’a jamais été clairement expliquée.