Appeler à faire des sacrifices ou promettre de les éviter ? Alors que le projet de loi de finances italien pour 2025 doit être présenté avant le 20 octobre, le gouvernement a émis des messages dissonants sur la politique fiscale à mener, dans un contexte marqué par une croissance résiliente mais modérée, des marges de manœuvre budgétaires limitées, une lourde dette dont le poids s’élève à 137 % du produit intérieur brut (PIB) et la nécessité absolue de renvoyer une image « crédible » aux marchés financiers.
Mercredi 9 octobre, la présidente du conseil, Giorgia Meloni, a saisi son téléphone pour enregistrer un message vidéo à l’intention de ses électeurs, où elle déclarait lire des « déclarations fantaisistes selon lesquelles [elle voudrait] augmenter les impôts ». « Mais cela, ce sont les gouvernements de gauche qui le faisaient. Nous, nous les diminuons. » Elle a promis ensuite qu’aucun « nouveau sacrifice » ne serait demandé aux Italiens.
Pour une droite transalpine dont l’identité profonde est liée à un discours de défense des contribuables, l’enjeu est aussi de complaire à sa base en vue d’un cycle de trois élections régionales qui va s’ouvrir fin octobre. A cet égard, Mme Meloni venait étouffer un incendie allumé, jeudi 3 octobre, par son ministre de l’économie et des finances, Giancarlo Giorgetti (Ligue, extrême droite). Dans un entretien à l’agence Bloomberg, il avait en effet, lui aussi, utilisé le terme « sacrifices », mais en présentant ces efforts comme une nécessité « pour tous ».
Réaction sévère des marchés
A cette occasion, le ministre avait annoncé une augmentation des contributions dont devront s’acquitter les entreprises ayant profité d’une conjoncture économique liée aux crises en cours. Le secteur de l’armement et les grandes banques qui ont tiré parti des taux d’intérêt élevés décidés par la Banque centrale européenne ont été spécifiquement visés par M. Giorgetti, qui a toutefois évoqué le besoin d’un effort mené également par « les individus (…) les petites, moyennes et grandes entreprises ».
La réaction des marchés a été sévère, comme quand, à l’été 2023, l’exécutif italien avait annoncé une taxe sur les surprofits des prêteurs, avant d’être obligé de redimensionner son projet. Après les déclarations du ministre de l’économie et des finances, l’indice boursier de référence du pays a chuté de 1,5 %. Giancarlo Giorgetti se trouve également isolé politiquement, ses alliés de Forza Italia (centre droit) et les représentants de son propre parti rejetant l’idée d’une politique fiscale plus contraignante. Giorgia Meloni a ainsi annoncé une baisse des impôts sur le revenu et le maintien d’aides pour les familles modestes en 2025.
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