« Nos bras étaient trop courts pour applaudir. C’est pour ça que l’on se tapait le ventre »

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Une Phryge au large de Tahiti, le 1ᵉʳ août 2024.

Pour Nolann Bezard, c’est devenu un réflexe quotidien : cliquer sur l’icône X de son téléphone et taper le mot-clé « Phryge ». Plusieurs milliers de vidéos de la mascotte des Jeux olympiques défilent alors sous ses yeux. Il lui faut moins de dix secondes pour s’exclamer : « Celle-ci, par exemple : la Phryge qui court le 100 m au Stade de France, c’est moi ! » Avant d’ajouter, flegmatique : « Sauf que personne ne le sait. Cette vidéo a fait plus d’un million de vues, mais personne ne me connaît. Et c’est très bien comme ça. » Le jeune homme de 17 ans, élève en terminale à Montargis (Loiret), s’accommode volontiers de ce statut, mi-star, mi-anonyme. Seuls ses amis proches connaissent sa double identité.

Le lycéen faisait partie des rares privilégiés à avoir revêtu le costume d’une Phryge, soit deux cents danseurs ou comédiens pour quatre-vingt-dix mascottes. Un nombre restreint, mais une exposition médiatique gigantesque. Qui s’est muée en une source intarissable de mèmes pour les réseaux sociaux. Sur une bande-son loufoque ou un hurlement devenu classique : « La Phryyyyyyyge ! C’est la Phryyyyyyyge ! ! », la mascotte lance une danse, tente un moonwalk ou, drame au stade Tour Eiffel, chute sous les cris d’effroi des spectateurs.

Depuis le canapé du salon jusque dans les vestiaires, où les athlètes demandaient à se faire photographier avec elles, les mascottes de Paris 2024 furent l’objet d’une adoration sans bornes. Au point que la cérémonie de clôture des Paralympiques les a mises en majesté : habillées de paillettes ou déguisées en Léon Marchand, elles ont enflammé le dance floor en se dandinant avec les athlètes.

Leurs véritables noms sont Oly et Para. La première est plus petite que la seconde, qui porte une lame de course à la jambe droite. Leur personnalité, également, diffère. Selon ses concepteurs, Oly mesure chacun de ses gestes, son effort pour réussir. Iel – la Phryge est un être non genré – représente le sport de haut niveau. Para, à l’inverse, est là pour faire la fête et emmener dans son sillage tous les fans. Une aubaine pour Nolann, qui, du fait de sa grande taille, a revêtu le costume de la mascotte paralympique, aussi bien pour des interventions dans les écoles, à partir du mois d’avril, que pendant le relais de la flamme et durant toute la durée des Jeux. Cinq mois à sauter en tous sens et à haranguer la foule.

« La révolution par le sport »

Les mascottes ont « vécu leur meilleure vie », d’après les mots du Comité d’organisation. On les a vues partout : sur un Jet-Ski à Tahiti, dans la navette de la brigade fluviale sur la Seine, sur un BMX à la Concorde, brandissant un pistolet sur un stand de tir, lançant un clapping au Parc des Princes. On les a aperçues soulevant un haltère, avec un cheval, sur une trottinette ou en compagnie du rappeur Snoop Dogg… et jusqu’aux plateaux des journaux télévisés français et étrangers, à donner des interviews sans jamais faire entendre leurs voix. Les Phryges furent parmi les grandes stars des Jeux, plus acclamées parfois que les champions médaillés. Elles étaient l’emblème qui a cristallisé la joie des spectateurs et a dépassé toutes les espérances des organisateurs.

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