Quand les troupes ukrainiennes ont surgi le 6 août dans la région de Koursk, en Russie, les soldats de Moscou étaient si surpris qu’ils ont opposé peu de résistance. « C’étaient des gamins de 18 à 24 ans, ils ne s’attendaient pas à nous voir ici et se sont rendus très vite. Certains ont essayé de tirer, mais ça s’est mal fini pour eux », raconte le soldat « Zherar », de retour à Soumy, dans l’est de l’Ukraine, après trois semaines à Koursk. Ce Biélorusse de 39 ans, qui se fait appeler par son nom de guerre, fait partie du 225e bataillon d’assaut, le premier à avoir pénétré en territoire ennemi.
L’homme, à qui Kiev a remis plusieurs médailles pour son combat aux côtés des Ukrainiens, est le commandant de l’unité TUR, chargée d’évacuer et de réparer les véhicules militaires endommagés pendant les combats. Il se dit satisfait : « C’est l’opération la plus efficace depuis le début de l’invasion à grande échelle, assure-t-il, attablé dans un restaurant de Soumy. Le ratio est d’un soldat ukrainien tué pour cinquante-quatre soldats russes, et on en a capturé plus de deux mille », détaille le militaire, qui se dit « surpris » que le président, Volodymyr Zelensky, n’ait fait état que de 600 prisonniers de guerre.
Si la capture de nombreux soldats russes n’était pas l’objectif principal de l’offensive à Koursk, elle est néanmoins citée comme un succès par les autorités. Le président ukrainien s’est lui-même félicité que cela permette de « réapprovisionner » un « fonds d’échange ». De fait, les échanges de prisonniers avec la Russie se sont accélérés depuis le début de l’incursion : les deux pays ont libéré un total de 267 prisonniers de guerre chacun lors de trois échanges distincts.
Dans des « lieux non officiels ou de transit »
Comme l’indiquent les conventions de Genève, qui régissent la conduite des conflits armés, l’Ukraine est tenue de « traiter avec humanité » ses captifs. Or un rapport du Haut-Commissariat des Nations unies aux droits humains (HCDH), publié mardi 1er octobre, révèle que ce n’est pas toujours le cas. Sur 205 prisonniers de guerre russes interrogés par l’organisation entre le 1er mars 2023 et le 31 août 2024, 104 ont déclaré avoir subi des « actes de torture ou d’autres formes de mauvais traitements ». On ignore si certains d’entre eux ont été capturés pendant l’opération de Koursk.
Ces violences ont été perpétrées principalement au début de leur captivité, dans des « lieux non officiels ou de transit, y compris des garages, des sous-sols ou des maisons privées », avant que les détenus soient transférés dans l’un des quinze centres officiels de détention, eux-mêmes placés sous l’autorité du service pénitentiaire d’Etat de l’Ukraine. Le rapport précise toutefois qu’« à de rares exceptions près », ces mauvais traitements ont « cessé lorsque les prisonniers sont arrivés dans les lieux d’internement officiels, où les conditions semblaient généralement conformes aux normes internationales ».
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