En Espagne, la répartition des mineurs non accompagnés brise les coalitions de la droite avec Vox

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Deux jeunes migrants marocains observent le centre pour enfants migrants d’Arinaga d’où ils ont été expulsés lorsqu’ils ont eu 18 ans, sur l’île de Grande Canarie (Espagne), le 11 juillet 2024.

Il y a tout juste un an, quatre régions espagnoles viraient à droite à la faveur d’accords de coalition généralisés entre le Parti populaire (PP) et l’extrême droite Vox. La communauté de Valence, l’Estrémadure, l’Aragon et la Murcie suivaient ainsi le chemin tracé en 2022 par le gouvernement de Castille-et-Léon. S’y ajoutaient les Baléares, gouvernées en solitaire par le PP, mais soutenu au Parlement par un accord de législature avec Vox. Seules trois régions autonomes restaient aux mains du parti socialiste.

Jeudi 11 juillet dans la soirée, l’expérience a tourné court. Le président du parti d’extrême droite, Santiago Abascal, a mis à exécution la menace qu’il brandissait depuis des jours : « sortir des gouvernements » de coalition avec le PP et leur « retirer leur soutien parlementaire ». « Nous ne serons pas les complices de l’immigration massive », s’est-il justifié, mettant en cause la décision du PP d’accepter la répartition de près de 350 mineurs étrangers non accompagnés (Menas) dans les régions qu’il gouverne. Une initiative destinée à décharger – légèrement – les centres d’accueil spécialisés des Canaries, débordés par l’afflux de migrants.

Dans la nuit, tous les ministres régionaux de Vox ont démissionné, – ou ont été limogés de manière préventive par le PP –, à l’exception de l’unique représentant de l’extrême droite en Estrémadure, Ignacio Higuero de Juan, qui a préféré abandonner son parti. « Vox ne représente pas en ce moment mes idéaux », a déclaré ce ministre régional chargé de la gestion forestière et du monde rural. Ailleurs, la décision de Vox risque de plonger ces régions dans la paralysie et l’instabilité politique.

Pression de l’ultradroite

En perte de vitesse depuis plus d’un an, Vox se trouve sous pression du fait de la montée d’un nouveau mouvement antisystème d’ultradroite mené par le youtubeur et commentateur politique Alvise Perez, La fête est terminée. Ce dernier a créé la surprise en obtenant 4,6 % des voix et trois sièges au Parlement européen en juin – deux fois moins que Vox – après avoir renchéri sur les thèmes fétiches de l’extrême droite. M. Perez qualifie Vox d’« extrême droite aisée ».

Son irruption sur la scène politique n’est sans doute pas étrangère à la décision de Vox de redevenir un parti tribunitien, misant sur le durcissement d’un discours xénophobe et sécuritaire. « Nous ne serons pas complices des viols, des vols et des coups de machettes [des Menas] », avait déclaré M. Abascal le 8 juillet, n’hésitant pas à stigmatiser les mineurs isolés, l’une des cibles préférées de Vox, pour mieux menacer le PP de rupture. « Je n’accepterai le chantage de personne, avait répondu Alberto Nuñez Feijoo, le président du PP. Nous allons respecter nos obligations et nos engagements, et nous serons cohérents et solidaires avec la situation exceptionnelle que traversent les Canaries. » L’archipel espagnol situé au large des côtes du Sud marocain est la principale porte d’entrée des migrants en Espagne. Or, durant le premier semestre 2024, le nombre d’arrivées de migrants par mer a presque triplé par rapport au premier semestre 2023, passant de quelque 7 000 à plus de 19 000.

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