le commissaire Chassaing n’a « pas tout maîtrisé »

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L’avocat de Grégoire Chassaing, Louis Cailliez, au tribunal judiciaire de Rennes, le 10 juin 2024.

A quoi tient un destin judiciaire ? A quoi se joue une audience ? Mercredi, le procès de Grégoire Chassaing, commissaire en charge de la sécurisation de la Fête de la musique 2019 à Nantes, a paru basculer avant même que l’intéressé, jugé pour homicide involontaire, ne se présente à la barre du tribunal. La déposition de Marion Hidrio, commissaire divisionnaire, cheffe de la délégation de l’inspection générale de la police nationale à Rennes, a quasi tenu du réquisitoire.

Certes, Mme Hidrio juge « légitime » l’usage des armes employées par les forces de l’ordre lors de l’opération de dispersion de la soirée techno – émaillée de heurts dignes de « violences urbaines » – au cours de laquelle Steve Maia Caniço a péri dans la Loire. Mais, selon Mme Hidrio, le travail de M. Chassaing, cette nuit-là, « s’apparentait à une mission de surveillance générale » du quai Wilson visant « à s’assurer que la fête se déroulait bien ». En aucun cas, il ne s’agissait « d’une mission de maintien de l’ordre ».

M. Chassaing, qui avait déjà œuvré sur cinq éditions de la Fête de la musique à Nantes, avait connaissance des « risques objectifs » qui se posaient en matière de sécurité, remarque-t-elle. Et la dangerosité du quai Wilson, dénué de protection sur sa plus grande partie, était notoire.

Une alerte sérieuse était survenue en 2017 : deux personnes étaient tombées, sans lien avec la présence policière, dans la Loire, et « des troubles à l’ordre public » avaient éclaté à 4 heures du matin, heure prévue de l’extinction des sons. A l’époque, les policiers avaient opté pour un repli tactique, et patienté jusqu’à l’arrivée d’un escadron de gendarmes.

Manœuvre « illisible »

Le 22 juin 2019, à 4 h 32 et 48 secondes, le scénario est différent : après qu’un DJ récalcitrant a relancé la musique et que la fête a dégénéré, les policiers amorcent « une progression au pas » sur le quai, ainsi que le relate Mme Hidrio. La manœuvre est « incomprise des effectifs » déployés sur le terrain, voire « illisible ». « Le seul agent qui fait état de l’instruction de Grégoire Chassaing de procéder à des interpellations est le chef de la CDI [compagnie départementale d’intervention], énonce Mme Hidrio. Et il fait le choix de ne pas répercuter l’ordre estimant que le contexte n’est pas adéquat. »

La conclusion apparaît implacable : « Un lien spatial entre la chute de Steve [à 4 h 33 et 14 secondes] et l’action de la police est acquis », ainsi qu’un « lien indirect mais non exclusif » entre cette intervention controversée et les sept personnes tombées dans la Loire – dont Steve – durant celle-ci.

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